Un véritable séisme secoue actuellement le célèbre grand magasin londonien Harrods. Plus de 200 femmes accusent son ancien propriétaire, le sulfureux homme d’affaires Mohamed Al-Fayed, décédé en 2023, de violences sexuelles. Depuis les révélations chocs d’un documentaire de la BBC diffusé le 19 septembre, les langues se délient et les témoignages affluent, dévoilant l’ampleur de ce qui s’apparente à un système de prédation sexuelle orchestré en toute impunité pendant des décennies.
Un prédateur au-dessus des lois ?
Mohamed Al-Fayed, magnat des affaires et père de Dodi Al-Fayed, dernier compagnon de la princesse Diana, est accusé par des dizaines de femmes, dont certaines mineures au moment des faits, de viols et d’agressions sexuelles. Protégé par sa fortune et son influence, il aurait agi en toute impunité, se croyant intouchable. Les faits les plus anciens remontent à 1977, soit plus de 45 ans de prédation présumée.
J’avais 19 ans, j’étais naïve. On m’avait recrutée comme gouvernante, mais j’ai vite compris que je n’étais là que pour servir de jouet sexuel à Al-Fayed.
– Une victime présumée
Harrods au cœur de l’affaire
La majorité des agressions se seraient déroulées au sein même du grand magasin Harrods, véritable institution britannique dont Al-Fayed était propriétaire. Depuis 2023 et le décès du milliardaire, le magasin a déjà réglé « un certain nombre de litiges » avec des femmes dénonçant des actes relevant d’un « comportement sexuel répréhensible ». Suite à la diffusion du documentaire de la BBC, ils ont reçu plus de 200 nouvelles demandes d’accords à l’amiable.
Un système de prédation qui s’étendait au-delà de Harrods
Mais le système mis en place par Al-Fayed ne se limitait pas au seul grand magasin. Les avocats des victimes présumées évoquent des « preuves crédibles d’agressions sexuelles » dans d’autres propriétés de l’homme d’affaires, comme le Ritz à Paris ou le club de football anglais Fulham, qu’il avait racheté en 1997. Reste à savoir si ces établissements étaient au courant et ont fermé les yeux sur les agissements du milliardaire…
Un combat pour la vérité et la justice
Si le décès de Mohamed Al-Fayed en 2023 à l’âge de 94 ans éteint de fait toute action pénale à son encontre, ses victimes présumées, elles, sont bien décidées à obtenir justice et réparation. Plus de 200 femmes ont entamé des négociations avec Harrods pour obtenir un accord à l’amiable, représentées pour certaines par l’équipe d’avocats « Justice for Harrods Survivors ». Un long combat s’annonce pour faire éclater la vérité et obtenir la reconnaissance des souffrances endurées.
Il est temps que la loi du silence se brise et que ces femmes soient entendues. Aucune fortune, aucun pouvoir ne devrait permettre à un prédateur d’agir en toute impunité.
– Un avocat des victimes
L’affaire Al-Fayed, un #MeToo à la britannique ?
Près de 6 ans après l’émergence du mouvement #MeToo, cette affaire rappelle que les violences sexuelles n’épargnent aucun milieu, pas même celui des puissants. Au-delà du cas Al-Fayed, c’est tout un système qui est questionné, un système où l’argent et le pouvoir permettraient de réduire les femmes au silence. Les victimes présumées de Mohamed Al-Fayed ouvrent la voie à d’autres pour libérer enfin leur parole et demander des comptes, quel que soit le rang de leur agresseur.
Une lueur d’espoir
« Si ce procès permet à une seule femme agressée par un homme puissant de trouver le courage de parler, alors notre combat n’aura pas été vain. »
Face à l’ampleur de ce scandale qui éclabousse l’une des institutions les plus respectées du Royaume-Uni, la société britannique retient son souffle. Entre volonté de faire éclater la vérité, remise en question d’un système qui a failli et crainte des répercussions pour l’image du pays, le chemin sera long. Mais une chose est sûre : les victimes présumées de Mohamed Al-Fayed sont déterminées à aller jusqu’au bout pour obtenir justice et tourner enfin la page de ce douloureux chapitre.
