C’est un véritable casse-tête auquel s’attelle le gouvernement avec son projet de budget 2025. L’équation est complexe : il faut limiter les dépenses publiques, augmenter les recettes fiscales, sans trop pénaliser la croissance économique ni s’attirer les foudres de Bruxelles. Un exercice d’équilibriste présenté ce jeudi 10 octobre en Conseil des ministres, avant son examen au Parlement. Voici les 5 mesures phares qui impacteront directement votre quotidien.
Une réforme des retraites progressive mais inéluctable
C’est l’un des dossiers brûlants de ce budget 2025. Le gouvernement prévoit de relever progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, avec une augmentation de 3 mois par an. L’objectif est clair : réaliser des économies substantielles sur les dépenses de pensions, évaluées à près de 10 milliards d’euros à l’horizon 2027.
Autre levier actionné : l’accélération de la réforme Touraine sur la durée de cotisation. Pour obtenir une retraite à taux plein, il faudra avoir cotisé 43 ans dès la génération 1965, contre 172 trimestres actuellement. Une mesure censée inciter les actifs à travailler plus longtemps.
Seule contrepartie positive pour les retraités : la revalorisation des pensions de base et complémentaires devrait atteindre entre 1,5% et 1,7% en novembre 2024, pour tenter de compenser en partie l’inflation. Maigre consolation pour les futurs et actuels retraités…
Des impôts en hausse pour les ménages aisés
Comme l’an dernier, ce budget 2025 devrait faire des “gagnants” et surtout des “perdants”. La cible principale : les 10% de ménages les plus aisés, avec la fin de la “flat tax” sur les revenus du capital et la suppression de certaines niches fiscales jugées “anti-redistributives”. Une mesure de “justice sociale” pour l’exécutif, qui vise 4 milliards de recettes supplémentaires.
Mais en parallèle, les classes moyennes ne seront pas totalement épargnées. Le barème de l’impôt sur le revenu ne sera révisé qu’à hauteur de 2,5%, alors que l’inflation devrait s’établir à 4,6% selon les prévisions. Ce qui équivaut à une hausse de l’impôt déguisée pour de nombreux foyers.
Certes, aucun “choc fiscal” n’est à attendre, mais les efforts seront demandés d’abord aux Français les plus aisés.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie
Un tour de vis fiscal temporaire pour les entreprises
Les entreprises ne sont pas en reste dans ce projet de budget. Pour réduire le déficit public, le gouvernement entend leur demander un effort “ponctuel et temporaire” sur 2 ans, à travers :
- Une contribution exceptionnelle sur les bénéfices pour les grandes entreprises, de l’ordre de 1 milliard d’euros par an.
- Le plafonnement temporaire de certains dispositifs comme le crédit impôt recherche (CIR) ou le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
Pas question cependant de revenir sur la trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés. Le taux doit passer de 25% à 23% en 2025 comme prévu pour les entreprises réalisant moins de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Santé : coup de frein sur les dépenses et reste à charge en hausse
Le budget de la Sécurité sociale sera lui aussi mis à contribution pour réduire le déficit public. Le gouvernement table sur 10 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de santé, avec un objectif de progression limité à 2,2% (ONDAM) contre 2,7% en 2024.
Cela passera notamment par une baisse ciblée de certains tarifs médicaux et paramédicaux ou des prix de médicaments, et un recours accru aux génériques et biosimilaires. Les complémentaires santé seront aussi davantage mises à contribution.
Conséquence pour les patients : le reste à charge sur certains soins et médicaments devrait mécaniquement augmenter, même si le ministère assure que “l’impact sera limité” grâce à la généralisation progressive du tiers payant.
Électricité : la facture va s’alourdir, malgré le “bouclier tarifaire”
Malgré le maintien du “bouclier tarifaire” sur l’énergie, votre facture d’électricité risque bien de gonfler en 2025. Le gouvernement prévoit en effet une hausse moyenne de 14% des tarifs des offres à prix fixes, contre une limitation à 4% ces deux dernières années.
En cause : la flambée persistante des prix du gaz sur les marchés, qui se répercute mécaniquement sur les coûts de production d’électricité. Une hausse jugée “inéluctable” par l’exécutif pour réduire la facture du “quoi qu’il en coûte” énergétique, chiffrée à plus de 150 milliards d’euros depuis fin 2021.
Seul lot de consolation : le chèque énergie devrait être reconduit et revalorisé pour 12 millions de ménages modestes, même s’il ne compensera que partiellement la hausse attendue.
Au final, ce projet de budget 2025 s’annonce comme un véritable exercice d’équilibriste entre maîtrise des dépenses publiques et préservation du pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste. Reste maintenant à le faire accepter aux parlementaires, loin d’être acquis au vu des prises de position des oppositions. Les débats s’annoncent musclés dans l’hémicycle!