C’est l’heure de vérité pour le gouvernement et son budget 2025. Préparé en un temps record et présenté avec un retard inédit, ce projet de loi de finances s’annonce comme un véritable tour de force, avec pas moins de 60 milliards d’euros d’économies au programme. Un effort “juste et équilibré” selon le Premier ministre Michel Barnier, où “tout le monde prendra sa part”. Mais certains devront mettre la main à la poche plus que d’autres…
L’État en première ligne, mais pas seulement
Sur les 60 milliards d’euros d’économies visés, les deux tiers, soit environ 40 milliards, proviendront de coupes franches dans les dépenses. Et c’est l’État qui va porter le plus lourd fardeau, avec 20 milliards d’euros d’économies à réaliser sur son périmètre. Les fonctionnaires sont particulièrement dans le viseur, tandis que les ministères devront se serrer la ceinture à hauteur de 5 milliards d’euros, en plus d’un gel de leurs crédits.
Mais l’État n’est pas seul à devoir faire des sacrifices. La Sécurité sociale est aussi mise à contribution, avec 15 milliards d’euros d’économies à dégager. Cela passera notamment par le report de six mois, au 1er juillet 2025, de l’indexation des pensions de retraite, une mesure qui devrait rapporter à elle seule 4 milliards d’euros. Les aides à l’embauche d’apprentis seront également revues à la baisse, tout comme les allègements de charges patronales.
Cette hausse du coût du travail fait déjà bondir le patronat. Le Medef, première organisation patronale française, met en garde contre une menace sur la compétitivité des entreprises tricolores et “des centaines de milliers d’emplois” potentiellement détruits.
Les collectivités locales mises à contribution
Même les collectivités locales n’échapperont pas à l’effort national. Elles sont priées de participer à hauteur de 5 milliards d’euros, accusées par le précédent gouvernement d’avoir laissé s’envoler leurs dépenses ces dernières années. Une ponction qu’elles espèrent pouvoir atténuer lors du débat parlementaire à venir.
Des hausses d’impôts ciblées
En parallèle de ces coupes budgétaires, le gouvernement compte aussi sur 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires via des hausses d’impôts ciblées. Un virage à 180 degrés par rapport à la politique fiscale menée ces dernières années, mais que le Premier ministre justifie au nom de la “justice fiscale”.
Les principales cibles ? Les ménages les plus aisés et les grandes entreprises. Ainsi, les 65 000 foyers fiscaux les plus fortunés de France, soit 0,3% des contribuables, devront s’acquitter d’une surtaxe “exceptionnelle” portant leur taux d’imposition minimal à 20%.
Quant aux 300 plus grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard d’euros, elles verront leur taux d’impôt sur les sociétés grimper au-delà des 25% actuels, pendant un ou deux ans.
Nous allons demander un effort à un certain nombre d’acteurs, comme les très grandes entreprises et les ménages les plus aisés.
– Michel Barnier, Premier ministre
Un budget “perfectible” et “améliorable”
Face aux critiques qui commencent déjà à s’élever, Michel Barnier assume un budget “perfectible”, monté “en quinze jours” et dans l’urgence après les législatives anticipées. Il compte sur le débat parlementaire pour “l’améliorer” et y apporter des ajustements.
Le chef du gouvernement se défend en tout cas de tout “choc fiscal” et promet d’épargner “les plus fragiles” et “ceux qui travaillent”. Sera-t-il entendu ? Réponse dans les prochaines semaines, avec un débat qui s’annonce particulièrement animé à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Une chose est sûre : avec un tel tour de vis budgétaire, le gouvernement joue gros. Michel Barnier réussira-t-il son pari de l’équilibre entre rigueur et justice ? Les Français sont-ils prêts à accepter cet “effort” qui leur est demandé ? Les prochains mois nous le diront…