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Un féminicide annoncé : l’histoire tragique de Bouchra

Bouchra avait tout fait pour se protéger de son mari violent. Malgré les plaintes, les dispositifs d'alerte et les décisions de justice, rien n'a pu empêcher l'irréparable. L'histoire glaçante d'un féminicide annoncé.

C’est un procès aussi poignant que révoltant qui se tient actuellement aux assises de Bobigny. Khalid F. comparaît pour le meurtre de son ex-épouse Bouchra, 44 ans, poignardée à mort le 26 novembre 2021 à Épinay-sur-Seine. Un féminicide d’une violence inouïe, mais surtout, un drame qui aurait dû être évité. Car Bouchra avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour échapper à son destin funeste.

Une femme traquée

Depuis des mois, Bouchra vivait dans la peur de son ex-mari. Après 25 ans d’enfer conjugal, elle avait fini par le quitter en août 2021. Mais Khalid n’avait pas accepté la séparation. Il harcelait et menaçait constamment son ex-compagne. « De toute façon, il va me tuer », avait confié Bouchra à ses proches, terrifiée mais lucide sur ce qui l’attendait.

Pour tenter d’échapper à son tortionnaire, cette mère de famille courageuse avait pris toutes les précautions possibles :

  • Changement des serrures de son appartement
  • Installation d’une caméra dans le salon
  • Bombes lacrymogènes et taser en permanence sur elle
  • Dépôt de plusieurs plaintes pour violences et menaces
  • Saisine d’un juge aux affaires familiales

Elle avait même poussé la prudence jusqu’à commander un gilet pare-balles, comme l’a révélé sa sœur lors du procès. Mais rien n’y a fait. La détermination meurtrière de Khalid était la plus forte.

La justice a-t-elle failli ?

Au vu du passé violent de Khalid et de l’acharnement dont il faisait preuve envers son ex-femme, on peut légitimement se demander si la justice n’a pas failli dans son rôle de protection des victimes. Car à l’époque des faits, l’homme était sous le coup :

  • D’une condamnation pour violences conjugales
  • D’une interdiction d’entrer en contact avec Bouchra
  • D’une obligation de soins

En outre, la justice avait fourni à Bouchra un téléphone grave danger, dispositif permettant d’alerter les secours 24h/24 en cas de menace imminente. Mais cette protection s’est avérée dérisoire face à la folie meurtrière d’un homme prêt à tout pour assouvir sa vengeance.

Un drame national

Au-delà du calvaire vécu par Bouchra et ses filles, cette affaire met en lumière les failles béantes de notre système de lutte contre les violences faites aux femmes. En 2021, 122 féminicides ont été recensés en France selon le décompte du ministère de l’Intérieur. Un chiffre glaçant, en hausse constante ces dernières années.

Malgré les réformes successives, les campagnes de sensibilisation et les grands discours, force est de constater que notre pays échoue encore à protéger efficacement les femmes victimes de violences conjugales. Combien d’autres drames comme celui de Bouchra faudra-t-il pour que les pouvoirs publics prennent enfin la mesure de ce fléau ?

Un procès pour exemple

En attendant, le procès de Khalid F. se poursuit jusqu’à vendredi devant les assises de Seine-Saint-Denis. L’accusé, qui a reconnu le meurtre, risque la réclusion criminelle à perpétuité. Au-delà de la condamnation d’un homme, il faut espérer que ce procès serve d’électrochoc national. Pour qu’enfin, les Bouchra d’aujourd’hui et de demain puissent vivre libres et en sécurité.

Car comme l’a rappelé avec émotion l’avocate des parties civiles lors de sa plaidoirie : « Le devoir d’une société, c’est de protéger les plus faibles. Et aujourd’hui, en France, les plus faibles ce sont les femmes. Les femmes qui meurent sous les coups de ceux qui prétendaient les aimer. » Un constat implacable, un appel vibrant qu’il est urgent d’entendre.

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