Dans la paisible commune de Meudon, nichée dans les Hauts-de-Seine, un vent de changement souffle sur le site de l’Onera, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales. Après des décennies de présence, les chercheurs et experts en aéronautique s’apprêtent à plier bagage pour rejoindre le pôle scientifique du plateau de Saclay, à Palaiseau, d’ici 2028. Une transition qui ne se fait pas sans heurts, suscitant inquiétudes et polémiques parmi les habitants et les associations locales.
Un déménagement qui ne passe pas inaperçu
L’annonce du départ de l’Onera de Meudon a fait l’effet d’une bombe. Ce fleuron de la recherche aérospatiale française, implanté sur un vaste site de plus de 15 hectares, fait partie intégrante du paysage et de l’histoire de la ville. Son déménagement vers Saclay, bien que prévu de longue date, soulève de nombreuses questions quant à l’avenir de ce secteur stratégique.
Face aux inquiétudes, la municipalité et l’État ont lancé il y a un an une vaste concertation pour associer les habitants aux réflexions sur le devenir du site. Réunions publiques, ateliers participatifs, visites de terrain… Les initiatives se sont multipliées pour tenter d’apaiser les esprits et de co-construire un projet d’aménagement consensuel. Mais force est de constater que les tensions persistent, comme en témoigne la réunion d’information organisée ce lundi 7 octobre, qui a attiré plus de 150 personnes, dont de nombreux représentants d’associations environnementales et patrimoniales.
Des associations sur le qui-vive
Quelques jours avant cette réunion, ces associations avaient d’ailleurs adressé une lettre ouverte au maire de Meudon, Denis Larghero, pour réaffirmer leur opposition à toute bétonisation du site de l’Onera. Une position ferme et sans appel, qui témoigne de la détermination des défenseurs de l’environnement et du patrimoine à préserver ce poumon vert de la ville.
Nous refusons que ce site exceptionnel soit sacrifié sur l’autel des projets immobiliers. C’est un patrimoine naturel et scientifique unique qu’il faut absolument protéger pour les générations futures.
– Un représentant associatif
Du côté de la mairie et de l’aménageur, Grand Paris Aménagement, on tente de rassurer en mettant en avant le caractère participatif et transparent de la concertation. L’objectif affiché est de parvenir à un projet équilibré, conciliant préservation des espaces naturels, mise en valeur du patrimoine et développement urbain mesuré pour répondre aux besoins de logements et d’équipements.
Un avenir encore incertain
Mais à ce stade, difficile de savoir quel visage aura le site de l’Onera après le départ des chercheurs. Si certaines pistes ont été évoquées, comme la création d’un éco-quartier ou l’implantation d’un pôle d’enseignement et de recherche, rien n’est encore acté. Les discussions et les études se poursuivent, sous haute surveillance des associations qui restent vigilantes et mobilisées.
Une chose est sûre : le déménagement de l’Onera et la reconversion de son site historique ne laissent personne indifférent à Meudon. C’est un pan de l’histoire et de l’identité de la ville qui se joue, avec des enjeux environnementaux, patrimoniaux et urbains majeurs. Les prochains mois seront décisifs pour dessiner les contours de ce projet hors norme et apaiser les craintes légitimes des habitants. Un défi de taille pour les pouvoirs publics, qui devront redoubler de pédagogie et de concertation pour emporter l’adhésion et éviter que ce dossier sensible ne se transforme en poudrière.
Le feuilleton de l’Onera est loin d’avoir livré son épilogue. Mais une chose est sûre : il sera passionnant à suivre, tant il cristallise les défis et les contradictions de l’aménagement urbain au XXIe siècle. Entre préservation et développement, entre concertation et passage en force, les équilibres sont fragiles et les consensus difficiles à trouver. L’avenir de ce site d’exception est plus que jamais suspendu à la capacité de dialogue et de compromis de toutes les parties prenantes.