Une bataille politique est en train de se jouer en coulisses à l’Assemblée Nationale. Renaissance, le parti du président, et le Nouveau Front Populaire, une coalition de gauche, tentent de s’unir pour empêcher les députés du Rassemblement National de siéger aux conseils d’administration de Radio France et France Télévisions. Une manoeuvre qui suscite la controverse.
Une répartition proportionnelle des postes qui pose problème
Normalement, l’attribution des sièges dans les organismes extraparlementaires se fait au prorata de la taille des groupes politiques à l’Assemblée. Avec 85 députés, le RN peut donc prétendre à 3 représentants, contre seulement 2 en 2022.
Mais cette perspective inquiète la majorité et la gauche, qui craignent de voir l’extrême-droite prendre pied dans les médias publics. Ils ont donc tout fait, lors des négociations entre groupes, pour tenter d’écarter le RN de ces instances stratégiques.
Moi, ça me fait chier de leur donner ce genre d’accès, mais on n’avait pas le choix, c’est le plus gros groupe d’opposition.
– Belkhir Belhaddad, député apparenté Ensemble et vice-président de la commission des affaires culturelles
Des tractations en coulisses pour contourner les règles
En pratique, c’est la présidente de la commission, la députée PS Fatiha Keloua Hachi, qui doit valider la répartition des postes, sur la base d’un accord global entre les partis. Selon plusieurs sources, elle aurait cherché à desservir le RN.
Le député écologiste Pierrick Courbon confirme qu’elle a “fait au mieux en fonction des rapports de force”. L’objectif étant surtout d'”éviter qu’ils aient Radio France et France Télévisions”.
C’est pourquoi les parlementaires du Nouveau Front populaire et du camp présidentiel ont, lors des négociations entre groupes, surtout cherché à éviter que les élus d’extrême droite n’aient accès aux conseils d’administration.
– Un proche du dossier
Un coup politique qui pose question démocratiquement
Si la manoeuvre venait à être confirmée, elle soulèverait de sérieuses questions sur le plan démocratique. Peut-on volontairement fausser la répartition des postes pour des motifs politiques ? Le RN, arrivé en tête dans l’opposition, a-t-il vocation à être représenté partout ?
Le débat promet d’être vif. D’un côté, beaucoup estiment que toutes les sensibilités doivent pouvoir s’exprimer dans les médias publics, au nom du pluralisme. De l’autre, certains jugent dangereux de laisser l’extrême-droite mettre un pied dans ces instances.
Une chose est sûre, l’affaire n’en restera pas là. Le RN compte bien exiger les postes qui lui reviennent de droit. Et il n’est pas exclu que la bataille se poursuive jusque devant les tribunaux. À l’Assemblée, la guerre des postes ne fait que commencer.