Alors que le gouvernement de Michel Barnier fait face à sa première épreuve du feu avec l’examen d’une motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire (NFP), le suspense semble limité. C’est en tout cas ce qu’a reconnu Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et figure de proue du NFP, ce mardi matin sur France 2. « Il y a un suspense assez mince », a-t-il admis, tout en soulignant que ce vote serait l’occasion de « rappeler les conditions dans lesquelles Michel Barnier a été nommé » et de « dire qui est dans l’opposition et qui ne l’est pas ».
Une motion symbolique mais révélatrice
Signée par 192 députés du NFP, la motion de censure a peu de chances d’aboutir, le Rassemblement national ayant d’ores et déjà annoncé qu’il ne la voterait pas. Mais au-delà du résultat, ce vote revêt une portée symbolique majeure. Pour les signataires, le gouvernement Barnier est « une négation du résultat des dernières élections législatives » :
Le président de la République aurait dû nommer à Matignon la personnalité proposée par le Nouveau Front populaire, coalition ayant recueilli le plus grand nombre de sièges (193) à l’Assemblée nationale.
– Extrait de la motion de censure
En montant à la tribune pour défendre ce texte, Olivier Faure entend bien souligner les contradictions de l’exécutif et pointer du doigt ceux qui, dans l’opposition, refuseraient d’assumer pleinement ce rôle.
Des fissures dans la majorité ?
Mais la motion de censure pourrait aussi révéler certaines failles au sein même de la majorité. Le Premier ministre doit en effet rencontrer ce matin les députés du groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance), après avoir soufflé le chaud et le froid sur le bilan de son prédécesseur Gabriel Attal. Si une censure dès aujourd’hui semble improbable, la question pourrait rapidement se reposer à l’occasion des débats budgétaires à venir.
La question de la censure ne se posera pas demain mais elle se posera assez rapidement sur le budget.
– Olivier Falorni, député MoDem
Car c’est bien lors de la construction du budget 2025 que l’unité de la majorité sera mise à l’épreuve. Les 60 milliards d’euros d’économies annoncés et leur répartition entre hausse des impôts et baisse des dépenses ne feront jamais consensus. De quoi fragiliser encore un peu plus un exécutif déjà sous pression.
L’ombre des retraites et des 49.3
En toile de fond, la réforme des retraites continue aussi de planer sur ce début de quinquennat. Sous la pression du Rassemblement national, Michel Barnier a déjà dû temporiser sur le gel des pensions, s’ouvrant à « d’autres idées ». Mais le sujet reste explosif, et pourrait bien nécessiter un nouveau recours à l’article 49.3 de la Constitution, déjà abondamment utilisé sous le précédent quinquennat.
Bref, si le suspense semble limité pour cette première motion de censure, Michel Barnier n’en a sans doute pas fini avec les turbulences parlementaires. Entre une majorité relative, un NFP combatif et un RN en embuscade, tous les ingrédients sont réunis pour une mandature sous haute tension. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir du gouvernement… et du pays.