Rennes, cité bretonne habituellement paisible, se retrouve aujourd’hui en proie à une vague de violence sans précédent. En plein cœur de ville, les fusillades se multiplient, semant la terreur parmi les habitants. Derrière cette flambée de criminalité, un fléau bien connu : le trafic de drogue, qui gangrène peu à peu les rues de la capitale bretonne.
Le centre-ville, nouveau terrain de jeu des narcotrafiquants
Samedi soir dernier, une tentative d’assassinat a eu lieu en pleine rue Saint-Michel, artère commerçante habituellement très fréquentée. Deux hommes casqués, juchés sur un scooter, ont pris en chasse leur victime avant de lui tirer dessus à plusieurs reprises. Touché à l’abdomen, l’homme a été transporté dans un état critique à l’hôpital. Un événement choc, qui illustre la gravité de la situation.
On n’est plus dans les quartiers, on est en plein centre-ville, un samedi soir.
– Frédéric Gallet, secrétaire départemental Alliance en Ille-et-Vilaine
D’après les premiers éléments de l’enquête, cette tentative de meurtre serait directement liée aux rivalités entre narcotrafiquants qui se disputent le contrôle des points de vente en centre-ville. Un phénomène en pleine expansion, qui n’épargne plus les quartiers les plus huppés de la ville.
La DZ Mafia, un cartel qui étend ses tentacules
Sur les murs de la rue Saint-Michel, un tag interpelle : « DZ Mafia ». Ce nom fait référence à un puissant cartel originaire de Marseille, né en 2010, et qui semble aujourd’hui vouloir étendre son emprise jusque dans l’ouest de la France. Si ce graffiti n’est pas directement lié à la fusillade selon les riverains, il témoigne néanmoins de l’implantation croissante des réseaux criminels dans la ville.
Les habitants inquiets, le centre-ville se vide
Face à cette montée de l’insécurité, les Rennais sont de plus en plus nombreux à exprimer leur inquiétude et leur ras-le-bol. Commerçants et riverains témoignent d’un climat délétère, où la peur s’installe peu à peu :
- « Tout ça est lié au trafic de drogue. Ce n’est pas nouveau. Maintenant on est confronté à une extrême violence. Il faudrait qu’il y ait plus de sécurité avec notamment plus de policiers sur le coin. On a peur. » confie un commerçant.
- « Tout ça ne nous donne pas envie de sortir. Ce n’est pas rassurant. Il y a deux ans, à l’entrée de la rue, un de nos amis s’est fait menacer avec un couteau pour avoir son téléphone. C’est vrai qu’en ce moment ça craint, c’est de pire en pire », constatent deux jeunes habitants, Axel et Juliano.
- « On a un sentiment d’insécurité croissant. Il y a de plus en plus de gens livrés à eux-mêmes, qui ne sont pas encadrés. Ça fait écho au trafic de drogue sur Rennes qui est très présent. On ne voit pas les choses bouger. Nous avec les enfants on évite le centre-ville, le soir », explique Arnaud, père de famille.
Résultat : passée une certaine heure, les rues du centre se vident, les Rennais préférant se calfeutrer chez eux plutôt que de s’exposer à d’éventuelles agressions. Une situation alarmante, qui met en lumière les carences en matière de sécurité malgré les appels au secours répétés des habitants.
La mairie pointe du doigt “la guerre des territoires entre narcotrafiquants”
Dans un communiqué, la maire de Rennes Nathalie Appéré a réagi à cette nouvelle tentative d’assassinat, la qualifiant de « particulièrement inquiétante ». Elle met clairement en cause les rivalités entre trafiquants de drogue :
La tentative d’assassinat cette nuit rue Saint-Michel est, selon les premiers éléments, liée à la guerre de territoire entre narcotrafiquants au Gros-Chêne. Cette escalade de la violence est particulièrement inquiétante.
– Nathalie Appéré, maire de Rennes
Si les autorités semblent avoir pris la mesure du problème, les actes peinent encore à suivre sur le terrain. Rennes parviendra-t-elle à endiguer cette spirale de la violence avant qu’il ne soit trop tard ? C’est tout l’enjeu des prochains mois pour la capitale bretonne, qui se rêve en métropole apaisée et sûre pour tous ses habitants.