Ils le reconnaissent volontiers : Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, et Michel Barnier, son prédécesseur, n’ont pas grand-chose en commun. Un gouffre semble les séparer, comme en témoignent leurs rencontres électriques. Mais après plusieurs jours de frictions et de critiques, une détente pourrait bien s’amorcer entre les deux hommes.
Des débuts tendus à Matignon
Depuis sa nomination à Matignon, Gabriel Attal n’a pas épargné son prédécesseur Michel Barnier. Piques et petites phrases assassines, le nouveau Premier ministre semblait prendre un malin plaisir à renvoyer l’ancien locataire de Matignon dans les cordes.
Une attitude qui a inquiété dans les rangs d’Ensemble Pour la République (EPR), le parti de la majorité présidentielle. « S’il continue comme ça, ça ne va pas le faire », s’alarmait un cadre du mouvement mercredi, après une nouvelle saillie du Premier ministre.
Attal tend la main dans les médias
Mais dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche, Gabriel Attal semble décidé à calmer le jeu. Il y qualifie Michel Barnier « d’élu de grande qualité qui a un avenir », saluant ses efforts pour « réduire la dépense publique ».
Des propos conciliants bien reçus par l’ancien Premier ministre. Au 20h de TF1, Michel Barnier a assuré qu’il soutenait Gabriel Attal dans sa volonté de réduire les déficits. « Je ne serai jamais celui qui complique la tâche du Premier ministre », a-t-il ajouté.
Des différences persistantes
Malgré ces signaux d’apaisement, les divergences restent profondes entre les deux hommes, issus de cultures politiques très différentes. Le progressiste Gabriel Attal et le chiraquien Michel Barnier incarnent deux lignes qui peinent parfois à cohabiter au sein de la majorité.
Des désaccords qui s’étaient notamment cristallisés autour de la très contestée réforme des retraites portée par l’ancien gouvernement. Sous la pression des députés frondeurs, Michel Barnier avait dû temporiser sur le gel des pensions, un recul que lui avait vertement reproché Gabriel Attal.
Le spectre d’une motion de censure
Car la gauche n’a pas dit son dernier mot. Contestant la légitimité du gouvernement Attal, les groupes d’opposition ont déposé une motion de censure après le discours de politique générale du Premier ministre.
Un vote à risque pour l’exécutif, qui pourrait se retrouver en minorité si une partie de l’aile Barnier votait contre le gouvernement. D’où l’importance pour Gabriel Attal de renforcer ses liens avec les réseaux de son prédécesseur, s’il veut éviter une crise politique majeure.
Un avenir ensemble malgré tout ?
Au-delà de leurs différends, Attal et Barnier sont condamnés à s’entendre s’ils veulent réussir le quinquennat. Malgré la tentation des règlements de comptes, les deux hommes semblent en avoir pris conscience.
Pour Gabriel Attal, habile politique passé maître dans l’art de la communication, tendre la main à Michel Barnier est un geste nécessaire pour rassembler sa majorité. Quant à l’ancien Premier ministre, il sait que son avenir politique dépend aussi de sa capacité à jouer collectif.
Une chose est sûre : la relation Attal-Barnier sera scrutée de près dans les prochaines semaines. De leur capacité à s’apprivoiser dépendra en grande partie la réussite ou l’échec de ce début de quinquennat.