C’est une page qui se tourne pour l’un des plus prestigieux événements automobiles au monde. Le Salon international de l’automobile de Genève, créé en 1905, a annoncé vendredi 31 mai l’annulation de ses prochaines éditions européennes. Cette décision, qualifiée d’« extrêmement regrettable » par les organisateurs, est le reflet d’un secteur automobile en pleine mutation, confronté à de nombreux défis.
Un intérêt en berne des constructeurs automobiles
Malgré les efforts déployés pour relancer l’événement après 4 années d’absence liées à la pandémie de Covid-19, force est de constater que les constructeurs automobiles boudent de plus en plus les grands salons. L’édition 2024 du Salon de Genève n’a réuni que 37 exposants et attiré près de 168 000 visiteurs, des chiffres bien loin de ceux enregistrés avant la crise sanitaire. En 2019, ils étaient 184 exposants pour 602 000 visiteurs.
Les incertitudes trop nombreuses liées à l’industrie automobile et la perte d’attrait des grands salons européens ne permettent plus de prendre le risque de se projeter plus en avant dans l’avenir.
– Les organisateurs du Salon de Genève
La compétition des salons de Paris et Munich
Outre le contexte difficile du secteur automobile, le Salon de Genève souffre également de la concurrence des salons de Paris et Munich, qui ont la faveur des groupes automobiles européens. Une compétition qui semble avoir eu raison des ambitions genevoises, malgré plus d’un siècle d’histoire.
Des coûts d’investissement trop importants
Organiser un salon automobile d’envergure internationale représente un investissement colossal. Face au faible intérêt des constructeurs et à la nécessité de maintenir un événement attractif, les coûts sont devenus trop importants pour espérer pérenniser le Salon de Genève, explique Alexandre de Senarclens, président de la Fondation du Salon.
Un salon qui a marqué l’histoire de l’automobile
Créé en 1905, le Salon international de l’automobile de Genève a connu son apogée en 2005, avec 747 700 visiteurs. Il a été le théâtre de nombreuses innovations automobiles et a vu défiler les plus grands constructeurs mondiaux. Sa disparition marque la fin d’une époque pour l’industrie automobile européenne.
- 1905 : Première exposition en Suisse consacrée à l’automobile et au cycle
- 1923 : Quatrième édition du salon après plusieurs tentatives infructueuses
- 1925 : Le salon franchit la barre des 100 000 visiteurs
- 2005 : Pic de fréquentation avec 747 700 visiteurs
Un avenir incertain pour les salons automobiles
La décision du Salon de Genève soulève des questions sur l’avenir des grands salons automobiles traditionnels. Face à l’évolution des modes de consommation, à la transition vers l’électrique et aux nouveaux enjeux de mobilité, les constructeurs semblent privilégier d’autres canaux pour présenter leurs innovations et rencontrer leur public.
Le Salon de Genève a été pendant des décennies un rendez-vous incontournable pour l’industrie automobile. Sa disparition est un signal fort sur les mutations profondes que traverse le secteur.
– Un expert de l’industrie automobile
Si le Salon de Genève tire sa révérence en Europe, sa version organisée au Qatar depuis 2022 poursuit son chemin. Un symbole, peut-être, d’un centre de gravité automobile qui se déplace vers de nouveaux horizons. L’avenir nous dira si les salons automobiles traditionnels sauront se réinventer pour rester des événements phares de l’industrie, ou s’ils appartiennent désormais au passé.