Yanis Varoufakis, l’ex-ministre grec des Finances connu pour son franc-parler, a récemment accordé un entretien à Libération dans lequel il livre ses réflexions sur la politique française. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère, s’attaquant notamment au Nouveau Front Populaire (NFP), l’alliance entre l’extrême gauche et la gauche.
Un “mariage de convenance” dénué d’honnêteté
Pour Yanis Varoufakis, le NFP est avant tout “un mariage de convenance sans le degré d’honnêteté que les gens de gauche et les progressistes devraient adopter”. Une union qui manquerait donc cruellement de sincérité selon lui.
L’économiste reproche en particulier au NFP de ne pas avoir été clair avec les Français sur les implications de leur programme commun :
Ce que je n’aime pas, c’est le fait que le NFP n’ait pas dit aux Français, ni avant l’élection, ni après, que leur programme impliquait un conflit avec l’UE.
– Yanis Varoufakis
Une alliance vouée à l’échec ?
Yanis Varoufakis doute de la capacité des différentes composantes du NFP à s’entendre sur la question européenne. Il estime en effet que si Mélenchon est prêt à aller au clash avec l’UE, ce n’est pas le cas des socialistes ou des Verts, “ce n’est pas dans leur ADN”.
Dès lors, l’ancien ministre s’interroge sur la pertinence même de cette alliance :
Alors que font-ils à signer un programme commun, qui nécessite un conflit qu’ils ne sont pas prêts à avoir ?
– Yanis Varoufakis
Un scénario à la grecque pour la France ?
Yanis Varoufakis met en garde : si le NFP arrivait au pouvoir mais ne se montrait pas prêt à affronter les institutions européennes, il se “retrouverait dans la même situation que la mienne en Grèce en 2015, à affronter la BCE, la Commission européenne, et même le FMI”.
Une perspective guère réjouissante quand on connaît les difficultés traversées par la Grèce à cette époque. L’ancien ministre en profite d’ailleurs pour rappeler les déséquilibres économiques au sein de l’UE, soulignant que “la France n’est pas durable dans cette Union européenne”.
Des conseils pour la gauche française
Face à ce constat, Yanis Varoufakis n’est pas avare de conseils pour ses homologues français. Il les appelle ainsi à faire preuve de davantage de clarté et d’honnêteté dans leur programme :
La seule manière pour la gauche de gagner le soutien débordant du public, nécessaire pour changer les choses, est d’être honnête avec lui.
– Yanis Varoufakis
Une honnêteté qui passerait selon lui par l’affirmation sans ambages de leur “humanisme” et de “pensées claires” sur leurs intentions, à l’image des “fascistes” qui assument pleinement leur “misanthropie”.
Macron et Barnier étrillés au passage
Au-delà du NFP, Yanis Varoufakis n’épargne pas non plus le président Emmanuel Macron et son Premier ministre Michel Barnier dans son entretien à Libération.
Il affirme ainsi avoir eu une conversation avec Emmanuel Macron sur les règles budgétaires européennes, estimant que le chef de l’État “a raté sa chance” de réformer l’UE. “Il ne l’a pas fait. Et c’était la fin de Macron”, assène-t-il.
Quant à Michel Barnier, Yanis Varoufakis se montre particulièrement cinglant, déclarant qu’il “n’existe pas” et qu’il est “le meilleur exemple de ce qu’il ne faut pas faire en tant qu’être humain en position de pouvoir”.
Des propos qui ne manqueront pas de faire réagir dans le paysage politique français, déjà secoué par l’arrivée au pouvoir du NFP et les remous au sein de la majorité présidentielle. Reste à savoir si les critiques de Yanis Varoufakis seront entendues par les principaux intéressés. L’avenir nous le dira.
