Face aux difficultés croissantes d’accès aux médecins spécialistes en France, avec des délais d’attente pouvant dépasser 30 à 40 jours pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue ou un cardiologue, le principal syndicat de spécialistes, Avenir Spé, lance une proposition audacieuse. Lors de son congrès annuel à Lille, l’organisation a dévoilé un projet de nouvelle consultation, facturée 60 euros, destinée à faciliter et accélérer l’accès aux soins spécialisés pour les patients.
Un nouveau type de consultation pour des soins non programmés
Cette consultation d’un genre nouveau serait réservée aux « soins non programmés » ou aux demandes « d’avis rapides » de la part des patients. L’objectif : permettre un accès plus direct aux spécialistes, sans passer systématiquement par le médecin traitant, comme l’impose actuellement le parcours de soins coordonnés. Un système qui, selon Avenir Spé, ralentit la prise en charge, surtout dans un contexte de pénurie de généralistes sur le territoire.
Concrètement, cette consultation à 60 euros permettrait par exemple à un pneumologue d’adresser directement un patient à un cardiologue s’il suspecte un problème cardiaque à l’origine d’un essoufflement, sans repasser par la case médecin traitant. Une mesure de bon sens pour le syndicat, qui y voit un moyen de « décloisonner » le parcours de soins et de gagner un temps précieux.
Vers un élargissement des possibilités d’adressage ?
Mais Avenir Spé va plus loin et propose même que, dans le cadre de cette consultation spécifique, le patient puisse être adressé par d’autres professionnels de santé, comme une infirmière, un kinésithérapeute ou une sage-femme. Voire, pour les patients dépendants ou vulnérables, par un « référent » comme un aidant familial. Une petite révolution dans l’organisation actuelle du système de santé.
Les spécialistes s’engageraient en contrepartie à donner un rendez-vous rapide : sous 4 jours pour un soin non programmé, et sous 3 à 4 semaines pour un avis spécialisé.
Avenir Spé
Des équipes et des pôles spécialisés sur tous les territoires
En parallèle, le syndicat milite pour un déploiement généralisé d’équipes de soins spécialisés sur le territoire. L’idée : que les médecins d’une même spécialité se regroupent pour répondre plus rapidement et efficacement aux demandes des généralistes. Avenir Spé plaide aussi pour la création de pôles de spécialités dans chaque région, sur le modèle des instituts du sein qui rassemblent de nombreux professionnels et des équipements de pointe.
Un sujet sensible qui divise la profession
Ces propositions interviennent dans un contexte tendu entre généralistes et spécialistes. Lors de récentes négociations tarifaires, l’idée d’un accès direct avait déjà été évoquée, suscitant l’ire des généralistes qui y voyaient une remise en cause de leur rôle pivot dans le parcours de soins. Nul doute que ces nouvelles propositions d’Avenir Spé relanceront le débat. Mais face à l’urgence de la situation, le statu quo n’est plus tenable pour le syndicat qui appelle à « sortir des postures » et à expérimenter de nouvelles solutions pour faciliter l’accès aux soins des Français.
