Face aux bouleversements stratégiques et à la menace grandissante à l’Est, l’armée française monte en puissance. Un nouveau commandement terre Europe (CTE) a été créé il y a un an pour superviser tous les déploiements et opérations militaires sur le Vieux Continent, avec un accent particulier sur le flanc est, face à la Russie. Dans un bunker ultra-sécurisé de la caserne Kleber, le poste de commandement est en alerte. Écrans, cartes, analystes… Tous les moyens sont déployés pour anticiper et réagir au “son du canon”.
Un commandement stratégique en première ligne
Aux commandes du CTE, le général Bertrand Toujouse, un ancien patron des forces spéciales rompu aux situations de crise. Sa mission : préparer l’armée française au pire, “pour ce soir ou demain”. Car, comme il l’explique, “nous sommes au temps de la contestation”, avec “le retour de la figure de l’adversaire”. La guerre en Ukraine a été un électrochoc, brisant les derniers tabous.
Dans ce contexte tendu, le travail du commandement terre Europe est crucial. Il faut suivre l’évolution de la situation en temps réel, coordonner les moyens, ajuster les plans. Un véritable défi alors que le spectre d’un conflit majeur en Europe n’a jamais été aussi présent depuis la Guerre Froide.
Des forces entraînées et équipées pour le combat
Pour faire face, l’armée de Terre française muscle ses capacités. Les unités s’entraînent plus durement, avec des scénarios réalistes inspirés des combats en Ukraine. Le matériel est renouvelé et adapté aux menaces du moment : véhicules plus protégés, systèmes anti-drones, équipements de vision nocturne dernière génération…
Il faut retrouver la culture guerrière, celle du combat de haute intensité. Nous devons être prêts à affronter un ennemi déterminé, sur notre sol ou chez lui.
Un officier supérieur de l’armée de Terre.
Cet effort de préparation est complété par une présence renforcée sur le terrain. Des unités françaises sont déployées en Estonie, en Roumanie, en Lituanie… Elles s’y entraînent avec les forces alliées, tissent des liens, assurent une présence dissuasive et rassurante. Un engagement concret, les yeux dans les yeux avec l’adversaire potentiel.
La guerre électronique, un nouveau champ de bataille
Mais la préparation ne se limite pas aux aspects physiques du combat. Dans les conflits modernes, la maîtrise de l’information et du spectre électromagnétique est cruciale. Brouillages, cyberattaques, désinformation… Autant de menaces auxquelles il faut savoir faire face.
Là encore, le commandement terre Europe est en première ligne. Ses spécialistes de la guerre électronique développent de nouvelles capacités, s’entraînent à opérer dans un environnement dégradé. L’enjeu : garantir la supériorité informationnelle de nos forces, tout en perturbant celle de l’adversaire.
Une adaptation permanente face à l’imprévisible
Préparer la guerre, c’est aussi savoir s’adapter en permanence. Anticiper les surprises stratégiques, ajuster les plans, faire preuve de souplesse et de réactivité. Un défi permanent pour le CTE et l’armée de Terre dans son ensemble.
Nous devons accepter de naviguer dans le brouillard, d’évoluer dans un monde complex et incertain. C’est la réalité des conflits d’aujourd’hui et de demain.
Le général Bertrand Toujouse, commandant du CTE.
Face à ces défis, la clé est de disposer de femmes et d’hommes compétents, aguerris, capables de prendre des initiatives. Mais aussi de structures de commandement réactives, en prise directe avec le terrain. C’est tout le sens de la mission du commandement terre Europe, fer de lance de l’armée française dans un contexte stratégique tendu comme jamais.
Une mission cruciale, alors que les nuages de la guerre s’amoncellent à nouveau en Europe. Une mission de veille, d’anticipation, de préparation, pour garantir la sécurité de la France et de ses alliés. Car c’est en étant prêts au pire que l’on peut espérer préserver la paix.