Le 7 octobre 2023 restera à jamais gravé dans la mémoire collective comme une date tragique, celle d’un effroyable pogrom antisémite perpétré en plein cœur d’Israël, d’une violence inouïe depuis la Seconde Guerre mondiale. Un an après, l’heure est au bilan. Dans un entretien exclusif, le philosophe et académicien Alain Finkielkraut revient sur cet événement traumatisant et livre son analyse sans concession de la réponse politique apportée par la France.
Un drame national qui réveille les pires démons
Pour Alain Finkielkraut, le pogrom du 7 octobre constitue indéniablement un drame national qui a profondément ébranlé la communauté juive, en Israël comme dans le monde entier. Cette violence antisémite d’une rare férocité a ravivé le spectre de la Shoah et remis en lumière la menace existentielle qui pèse sur l’État hébreu.
Les valeureux combattants du Hamas ont ravagé le kibboutz Beeri, dont les membres se portaient volontaires pour amener des patients palestiniens dans les hôpitaux de Tel-Aviv. Le sionisme se promettait de mettre fin à des siècles de massacres et de persécutions. Le 7 octobre, le destin juif s’est abattu sur Israël.
– Alain Finkielkraut
Face à l’horreur de ce déchaînement de haine, la réponse politique française apparaît bien timide aux yeux du philosophe. Malgré quelques condamnations de principe, les autorités n’ont pas su se hisser à la hauteur de l’enjeu et apporter un soutien clair et massif à Israël dans cette épreuve.
Une réponse politique en demi-teinte
Alain Finkielkraut pointe notamment du doigt l’ambiguïté de certains discours politiques, tentés de relativiser la gravité des faits ou d’invoquer un « antisémitisme contextuel » lié au conflit israélo-palestinien. Une rhétorique inacceptable pour le philosophe, qui y voit une forme de complaisance coupable.
En France, la classe politique semble parfois prisonnière d’une vision manichéenne opposant systématiquement Israéliens et Palestiniens. Cette grille de lecture binaire l’empêche de nommer clairement l’antisémitisme et de le combattre sans réserve, où qu’il se manifeste.
– Alain Finkielkraut
Au-delà des paroles, le philosophe déplore l’absence de mesures concrètes et d’actions diplomatiques fortes pour soutenir Israël et faire reculer la haine antijuive. Un attentisme coupable qui tranche avec la mobilisation internationale observée au lendemain d’autres attentats.
Tirer les leçons du passé
Pour Alain Finkielkraut, il est urgent que la France prenne la pleine mesure de ce nouveau visage de l’antisémitisme, attisé par l’islamisme radical, et qui ne se cantonne plus aux seuls discours mais bascule dans l’action violente à grande échelle. Un sursaut politique et moral s’impose pour éviter que l’Histoire ne bégaie tragiquement.
Nous avons le devoir impérieux de tirer les leçons du passé. La haine des juifs, lorsqu’elle est attisée, finit toujours par se transformer en passages à l’acte meurtriers. Il ne peut y avoir aucune complaisance, aucun accommodement face à ce fléau. C’est une question de survie.
– Alain Finkielkraut
Un an après le pogrom du 7 octobre, l’heure n’est plus aux atermoiements mais à un engagement plein et entier aux côtés d’Israël. La France, patrie des droits de l’Homme, doit montrer l’exemple et mener un combat intransigeant contre l’antisémitisme sous toutes ses formes, au nom des valeurs universelles qu’elle a toujours portées.