Ce vendredi matin, une puissante explosion a secoué les abords de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, occupée depuis mars 2022 par les forces russes dans le sud de l’Ukraine. Andriï Korotky, identifié comme le “responsable de la sécurité” du site par les services de renseignement ukrainiens, a été tué dans l’explosion de sa voiture, piégée par un engin explosif.
Un attentat ciblé au cœur d’un site nucléaire ultra-sensible
Situé à Energodar, ville sous contrôle russe, le complexe nucléaire de Zaporijjia est depuis des mois au centre de vives tensions entre Moscou et Kiev. Régulièrement visée par des bombardements dont s’accusent mutuellement les deux camps, la centrale suscite l’inquiétude de la communauté internationale qui craint un accident nucléaire majeur.
Selon une vidéo de mauvaise qualité diffusée par le GUR, le renseignement militaire ukrainien, on peut voir le véhicule d’Andriï Korotky, un SUV blanc, exploser violemment alors qu’il circulait lentement, projetant des débris tout autour. Le GUR accuse la victime d’avoir “volontairement coopéré avec les envahisseurs russes” en dénonçant des employés pro-ukrainiens de la centrale.
Les autorités pro-russes dénoncent “un acte terroriste” de Kiev
De leur côté, les autorités de la centrale nucléaire, nommées par la Russie, ont confirmé la mort de Korotky dans ce qu’elles qualifient “d’attentat terroriste commis par le régime de Kiev”. Iouri Tchernitchouk, le directeur de la centrale désigné par Moscou, a fermement condamné cette attaque qu’il juge “irresponsable”, soulignant que la victime était aussi l’ancien président du conseil municipal d’Energodar.
Nous sommes très préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire autour de la centrale de Zaporijjia. Chaque nouvel incident augmente les risques d’un accident nucléaire potentiellement catastrophique.
Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA
L’AIEA tire la sonnette d’alarme sur les risques nucléaires
Rafael Grossi, le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique, s’était dit début septembre très inquiet pour la sécurité du site, après une série d’incidents dont un incendie ayant endommagé une installation clé. Malgré la présence d’experts de l’AIEA sur place, les risques persistent et s’aggravent à mesure que le conflit s’enlise.
Cet assassinat ciblé intervient alors que les forces ukrainiennes consolident leurs lignes de défense dans la région de Zaporijjia, anticipant une possible contre-offensive russe. Kiev a par ailleurs réitéré ses appels à un démantèlement par la Russie du pont de Crimée, infrastructure clé reliant la péninsule annexée au territoire russe.
Une guerre de l’ombre entre services secrets russes et ukrainiens
Outre les combats sur le front, la guerre en Ukraine se joue aussi dans l’ombre entre services de renseignement rivaux. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, les services secrets ukrainiens sont soupçonnés de plusieurs éliminations ciblées de responsables de l’occupation russe, en Ukraine comme en Russie.
Face à un occupant qui consolide son emprise au fil des mois sur les territoires conquis, l’Ukraine n’hésite plus à frapper en profondeur, jusqu’au cœur du dispositif russe. Une stratégie risquée qui fait craindre une dangereuse escalade, alors que la centrale nucléaire de Zaporijjia, potentielle bombe à retardement, reste plus que jamais au centre de toutes les tensions.