Alors que la Suisse est souvent citée en exemple pour son faible taux de chômage, les derniers chiffres de septembre viennent ternir ce tableau idyllique. Selon les données publiées par le ministère de l’Économie, le taux de chômage a grimpé à 2,5% le mois dernier, contre 2,4% en août. Une augmentation qui peut paraître minime, mais qui soulève des interrogations sur la santé du marché de l’emploi helvétique.
Hausse du chômage : les jeunes et les seniors touchés
En analysant dans le détail les statistiques de septembre, on constate que certaines catégories de population sont plus affectées que d’autres par cette augmentation du chômage. Le nombre de jeunes chômeurs de moins de 25 ans a progressé de 0,4% en un mois, avec près de 12 000 inscrits. Une situation préoccupante pour cette tranche d’âge qui peine à s’insérer sur le marché du travail.
À l’autre bout du spectre, les chômeurs de 50 ans et plus voient aussi leur nombre augmenter de 1,5% par rapport à août. Au total, plus de 30 000 seniors sont actuellement sans emploi en Suisse. Un chiffre alarmant quand on sait les difficultés que rencontrent les travailleurs âgés pour retrouver un poste.
Les offres d’emploi en hausse mais des disparités sectorielles
Paradoxalement, le nombre d’offres d’emploi proposées par les employeurs a augmenté de 5,7% en septembre, avec plus de 38 000 postes vacants recensés. Un dynamisme du marché qui contraste avec la progression du chômage. Comment expliquer ce décalage ?
Il semblerait que la reprise ne profite pas à tous les secteurs de la même manière. Ainsi, l’industrie manufacturière affiche une nette amélioration de ses perspectives d’embauches, grâce notamment à une demande internationale plus soutenue. À l’inverse, les services, en particulier ceux liés à la consommation domestique, peinent à redémarrer et ont même tendance à détruire des emplois.
Un 4ème trimestre entre espoir et incertitudes
Malgré cette dégradation du marché de l’emploi en septembre, les entreprises suisses restent plutôt optimistes pour la fin d’année. Selon le dernier baromètre ManpowerGroup, 38% des employeurs interrogés prévoient d’embaucher au cours du 4ème trimestre 2024.
Les perspectives d’emploi en Suisse demeurent parmi les plus favorables d’Europe, même si l’on note un léger tassement par rapport au 3ème trimestre.
ManpowerGroup, enquête sur les perspectives d’emploi
Néanmoins, plusieurs facteurs pourraient venir assombrir ce tableau. La résurgence de l’inflation, qui a atteint 0,8% en septembre, risque de peser sur le pouvoir d’achat des ménages et donc sur la consommation. Par ailleurs, les tensions géopolitiques et les pénuries de matériaux pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement des entreprises exportatrices.
Face à ces incertitudes, certaines sociétés n’hésitent pas à recourir au chômage partiel pour préserver leurs effectifs. C’est le cas notamment dans l’horlogerie, touchée par la chute des exportations vers la Chine. Une solution temporaire qui permet d’amortir les chocs conjoncturels, mais qui ne doit pas masquer la nécessité d’une vraie réflexion sur l’avenir du marché de l’emploi suisse.
Au final, si le taux de chômage de 2,5% reste enviable en comparaison internationale, sa hausse en septembre constitue un signal d’alerte. Entre reprise économique inégale, pressions inflationnistes et mutations structurelles, le marché du travail helvétique doit s’adapter pour offrir des perspectives durables à tous les actifs, jeunes et seniors compris. Un défi majeur pour les années à venir.