Dans la cité héraultaise, les prochaines élections municipales de 2026 s’annoncent d’ores et déjà sous haute tension. En cause : la diffusion de tracts polémiques et la mobilisation de thèmes religieux par certains élus et militants de Gauche, faisant craindre une instrumentalisation de l’électorat musulman dans la course à la mairie. Une dérive communautariste qui interroge sur la place du fait religieux dans le débat politique local.
Des tracts qui attisent les tensions
Depuis plusieurs semaines, des tracts anonymes mais au contenu pour le moins incendiaire circulent dans certains quartiers de la ville. Visant directement le maire sortant, le socialiste Michaël Delafosse, ces imprimés le qualifient tour à tour de « sioniste », d’« islamophobe » ou encore d’être « dévoilé ».
Une rhétorique qui semble tout droit tirée des codes de la « complosphère » et des milieux antisémites. Et qui n’est pas sans rappeler les pires heures de la stigmatisation des musulmans dans le débat public. Pour beaucoup d’observateurs, l’objectif de cette campagne serait clair : dresser la communauté musulmane contre l’édile en vue des prochaines élections.
Un groupe Facebook nommé « Oumma Montpellier »
Dans le même temps, un groupe Facebook baptisé « Oumma Montpellier » a fait son apparition. Se présentant comme un espace de discussion pour les musulmans de la ville, cette page véhicule en réalité un discours très orienté politiquement. On y retrouve notamment de nombreuses critiques virulentes contre la municipalité actuelle, accusée de mener une politique « hostile » envers l’islam.
Et les administrateurs du groupe ne cachent pas leur intention d’en faire un levier communautaire pour peser dans la campagne à venir :
Si les musulmans de Montpellier se mobilisent, on peut faire basculer la mairie en 2026 !
– Un post sur le groupe « Oumma Montpellier »
La cause palestinienne instrumentalisée
Autre fait marquant : la multiplication de cortèges et d’événements pro-palestiniens ces derniers mois dans la ville, auxquels participent activement des élus et militants de La France Insoumise (LFI) locaux. Si la défense de la cause palestinienne est évidemment légitime, beaucoup s’inquiètent d’une récupération à des fins électoralistes.
Le conflit israélo-palestinien cristallise en effet les passions et est un sujet très sensible au sein de la communauté musulmane. En l’instrumentalisant, LFI chercherait ainsi à capter un électorat sur une base communautaire, au mépris du débat démocratique et républicain.
Contactés, les responsables de LFI Montpellier se défendent de toute dérive et assurent mener ces actions au nom de leurs valeurs humanistes et de solidarité internationale.
Une focalisation contre-productive
Mais pour de nombreux habitants, cette focalisation sur les questions religieuses et identitaires est contre-productive. Ils appellent les différents candidats à se concentrer sur les vraies priorités des Montpelliérains :
- L’emploi et le pouvoir d’achat,
- La sécurité et la tranquillité publique,
- L’environnement et le cadre de vie…
Autant de sujets cruciaux qui risquent d’être relégués au second plan si le débat se résume à une bataille de chapelles entre communautés.
La riposte du maire Delafosse
Face à ces attaques, Michaël Delafosse contre-attaque et dénonce une tentative de déstabilisation. Il rappelle son attachement à la laïcité et au vivre-ensemble, qui guident son action à la tête de la ville. Et de pointer du doigt les « apprentis sorciers » qui jouent avec le feu du communautarisme :
Je ne laisserai personne fracturer notre ville et notre pacte républicain sur l’autel de petits calculs électoraux !
– Michaël Delafosse, maire de Montpellier
Reste à savoir si ce coup de semonce suffira à apaiser les esprits et à recentrer le débat. Car à trop jouer la carte du communautarisme, certains prennent le risque de diviser durablement les Montpelliérains. Et d’abîmer ce qui fait la force de notre modèle républicain : l’unité dans la diversité.
La responsabilité des politiques en question
Au-delà de Montpellier, ces dérives interrogent plus largement sur la responsabilité du personnel politique. À l’heure où notre pays traverse une crise de confiance démocratique majeure, ces tentatives de instrumentalisation des communautés ne font qu’accroître la défiance envers les élus.
Il est donc urgent que tous les responsables politiques, quelle que soit leur étiquette, prennent conscience des conséquences délétères de ces pratiques. Et qu’ils s’engagent résolument à faire campagne sur des bases saines, en s’adressant à tous les citoyens sans distinction.
C’est à ce prix que l’on pourra retisser le lien abîmé entre les Français et leurs représentants. Et redonner tout son sens à notre démocratie.