Deux jours après son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier était l’invité de l’émission “L’Événement” sur France 2 ce jeudi soir. L’occasion pour l’ancien négociateur du Brexit de préciser ses priorités et son plan d’action pour la France, notamment sur les sujets brûlants du budget, de la fiscalité et de la sécurité.
Un “effort limité dans le temps” demandé aux plus fortunés
Venu de la droite LR, Michel Barnier a surpris en annonçant mardi qu’il demanderait “un effort limité dans le temps” aux entreprises et ménages les plus aisés. Une hausse d’impôts qu’il refuse de qualifier de “choc fiscal”, mais qui marque une rupture avec la politique menée depuis 2017.
Il faut expliquer ce qu’on va faire du pays.
Gérald Darmanin, sur Franceinfo
Une annonce qui a fait bondir dans les rangs de la majorité. “C’est inacceptable”, a fustigé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin jeudi matin, menaçant : “Je ne voterai pas une augmentation d’impôts”. Le Premier ministre tentera-t-il d’amadouer les députés macronistes ?
La sécurité, “première des libertés”
Autre priorité affichée par Michel Barnier : la sécurité, qu’il a qualifiée de “première des libertés”. Il a promis d’affecter “en urgence des moyens supplémentaires” dans les “quartiers de reconquête républicaine”, ces zones sensibles où l’État tente de reprendre pied face aux trafics et à la délinquance.
- Doubler le nombre de policiers sur la voie publique d’ici 2027
- Systématiser les peines planchers pour les agresseurs de forces de l’ordre
- Créer 20 000 places de prison supplémentaires
Autant de mesures musclées destinées à rassurer une opinion préoccupée par la montée du sentiment d’insécurité. Mais seront-elles suffisantes ?
Quels arbitrages pour boucler le budget ?
Le casse-tête budgétaire sera l’une des autres épineuses questions auxquelles Michel Barnier devra répondre. Promettant de ramener le déficit sous les 3% d’ici 2027, il a demandé à chaque ministre de proposer “des pistes d’économies” dans son ministère. Mais il a aussi annoncé vouloir sanctuariser l’éducation, la justice et les armées.
Selon Bercy, il faudrait 10 milliards d’euros d’économies dès 2024 pour tenir les engagements européens de la France. Où le Premier ministre ira-t-il chercher ces économies sans dégrader les services publics ? Quels seront ses arbitrages ? Abordera-t-il la question sensible des retraites ?
Je serai très attentif à vos propositions d’économies supplémentaires (…) pour faire face au déficit trouvé en arrivant.
Michel Barnier à Gabriel Attal
Autant de questions sur lesquelles Michel Barnier est attendu au tournant pour son baptême du feu médiatique. En réussissant ce test, il pourrait asseoir son autorité et imposer son style, à la fois ferme sur les fondamentaux de droite et ouvert au “compromis” et au dialogue. Un exercice d’équilibriste pour ce Premier ministre pas comme les autres, qui tente de renouveler la pratique du pouvoir.