C’est une décision très attendue qui est finalement reportée. La Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a choisi de ne pas trancher immédiatement sur la demande de suspension de la fédération israélienne formulée par son homologue palestinienne. Cette requête intervient dans un contexte de vives tensions, exacerbées par la guerre à Gaza.
Deux enquêtes pour évaluer la situation
Plutôt que de se prononcer dans l’urgence, l’instance dirigeante du football mondial a opté pour la prudence. Selon un communiqué publié jeudi, la FIFA a décidé de lancer deux enquêtes distinctes afin de recueillir les éléments nécessaires à une prise de position éclairée sur ce dossier sensible.
La première enquête portera sur les allégations de « discrimination » avancées par la Fédération palestinienne de football. Des accusations graves qui méritent d’être examinées avec soin. La seconde se penchera sur la « participation à des compétitions israéliennes d’équipes de football israéliennes prétendument basées sur le territoire palestinien ». Il s’agira de faire la lumière sur la situation de clubs évoluant dans des colonies israéliennes en Cisjordanie, illégales au regard du droit international.
Un rapport d’experts indépendants
Pour fonder sa position, le conseil de la FIFA a adopté les conclusions d’un rapport juridique d’évaluation indépendant, commandé à la demande des Palestiniens. Une démarche saluée par Gianni Infantino, le président de la FIFA :
« Le conseil de la FIFA a fait preuve de la diligence requise sur cette question très sensible et, sur la base d’une évaluation approfondie, nous avons suivi les conseils des experts indépendants »
Gianni Infantino, président de la FIFA
Un appel vibrant à la paix
Au-delà des aspects réglementaires et disciplinaires, le dirigeant n’a pas manqué de replacer ce dossier dans le contexte géopolitique explosif du Proche-Orient. Avec émotion, il a lancé un appel à la paix :
« Alors que nous restons extrêmement choqués par ce qui se passe et que nos pensées vont à ceux qui souffrent, nous exhortons toutes les parties à rétablir la paix dans la région avec effet immédiat »
Gianni Infantino, président de la FIFA
Une prise de parole forte, qui rappelle que le football ne peut rester imperméable aux drames qui se jouent en dehors des stades. La FIFA se retrouve une nouvelle fois prise dans les tourments d’un conflit qui la dépasse, tiraillée entre des impératifs diplomatiques et sa mission de promotion d’un sport universel et apolitique.
Des positions tranchées
Lors du dernier Congrès de la FIFA en mai à Bangkok, les dirigeants palestiniens et israéliens avaient eu l’occasion d’exposer leurs griefs. D’un côté, Jibril Rajoub, président de la fédération palestinienne, avait exhorté l’assemblée à se « tenir du bon côté de l’histoire » en votant la suspension immédiate de l’IFA. De l’autre, Shino Moshe Zuares, son homologue israélien, avait dénoncé une « tentative cynique » de « nuire au football israélien », motivée selon lui par des considérations extra-sportives.
Des arguments passionnés qui reflètent la difficulté à démêler le sport et la politique dans une région meurtrie par des décennies de conflit. En lançant ces enquêtes, la FIFA cherche à se donner le temps et les moyens d’une décision juste et proportionnée. Une attitude responsable, qui ne pourra toutefois pas éteindre les passions ni apaiser les souffrances. Le chemin vers la paix au Proche-Orient est encore long, et il passera aussi par les terrains de football.