Alors que le nouveau gouvernement de Michel Barnier s’apprête à présenter son premier budget, déjà les premières fractures apparaissent au grand jour. Gérald Darmanin, l’ancien ministre de l’Intérieur redevenu simple député, a en effet jugé « inacceptable » le projet de budget 2025 qui prévoit des augmentations d’impôts sans les accompagner de réformes structurelles.
Invité ce jeudi matin sur franceinfo, celui qui fut également ministre des Comptes publics entre 2017 et 2020 n’y est pas allé par quatre chemins. « Il faut expliquer ce qu’on va faire du pays », a-t-il martelé, menaçant : « Je ne voterai pas une augmentation d’impôts ». Une prise de position lourde de sens à l’heure où le Premier ministre s’apprête à dévoiler les grandes lignes de son budget.
Un budget sous haute tension
D’après les informations qui ont filtré ces derniers jours, le gouvernement aurait besoin de près de 60 milliards d’euros pour boucler son budget 2025. Une somme colossale que Michel Barnier entendrait financer en partie par des hausses d’impôts, notamment sur le revenu et les sociétés. Des mesures jugées « inacceptables » par Gérald Darmanin en l’absence de réformes de structure.
Augmenter les impôts ne peut être qu’un ultime recours, pas un préalable. Il faut d’abord s’attaquer aux dépenses publiques, réformer notre système de retraites, notre assurance chômage…
Gérald Darmanin, député
Une position partagée par de nombreux élus de droite, qui réclament des économies tous azimuts avant d’envisager toute hausse de la pression fiscale. Plusieurs responsables des Républicains ont ainsi fait savoir qu’ils pourraient voter contre le budget si leurs revendications n’étaient pas entendues.
La coalition LR/macronie à l’épreuve du budget
Cette fronde montre bien toute la fragilité de la coalition nouée entre Les Républicains et la macronie au lendemain des législatives. Une alliance de circonstance qui pourrait bien exploser sur le budget, tant les cultures politiques et économiques des deux camps semblent inconciliables.
Du côté de la macronie, on joue l’apaisement, assurant que « toutes les options sont sur la table » et qu’il n’est pas question « d’imposer quoi que ce soit » aux partenaires de droite. Mais dans le même temps, l’entourage du Premier ministre fait savoir que des augmentations d’impôts seront nécessaires pour financer les priorités du gouvernement, à commencer par la transition écologique et le renforcement des services publics.
Gérald Darmanin, l’homme qui veut peser
En prenant ainsi frontalement position contre le budget, Gérald Darmanin cherche à exister et à peser dans le débat public. Redevenu simple député après avoir été l’un des poids lourds des gouvernements Philippe et Castex, l’ex-ministre de l’Intérieur entend bien utiliser sa liberté de parole retrouvée pour défendre ses convictions.
Une stratégie qui pourrait s’avérer payante à moyen terme, Darmanin étant régulièrement cité comme un potentiel candidat de la droite pour la présidentielle de 2027. En attendant, ses prises de position musclées risquent surtout de compliquer la tâche du gouvernement, qui devra composer avec cette opposition interne s’il veut faire adopter son budget.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’exécutif et sa fragile majorité. Si Michel Barnier ne parvient pas à convaincre ses alliés de droite du bien-fondé de ses choix budgétaires, c’est tout l’édifice de la coalition qui pourrait s’effondrer. Avec à la clé, le spectre d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée et d’un retour aux urnes…