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Michel Barnier, maître de la diplomatie parlementaire

Michel Barnier, face au risque de censure, change de ton à l'Assemblée. Le Premier ministre mise sur le respect et le flou pour désamorcer les oppositions. Une méthode qui porte ses fruits, les députés LFI se montrant étonnamment calmes. Mais cette stratégie sera-t-elle payante sur le long terme ?

En ce début de mandat, Michel Barnier, Premier ministre fraîchement nommé, doit déjà faire face à un écueil majeur : le risque d’une motion de censure à l’Assemblée nationale. Pour déjouer cette menace, il mise sur une approche surprenante, faite de respect et de flou artistique. Une méthode qui semble porter ses fruits, au vu du calme inhabituel régnant sur les bancs de la gauche radicale.

Quand Barnier prône le respect pour désarmer les oppositions

« Plus vous serez agressive, plus je serai respectueux ». Cette petite phrase, glissée mardi soir à Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, résume à elle seule la stratégie de Michel Barnier. Loin des invectives et des passes d’armes habituelles, le Premier ministre a pris le contre-pied en répondant posément à tous les chefs de groupe, majorité comme opposition.

Un changement de ton notable dans cet hémicycle électrique, où les vociférations de la gauche radicale avaient fini par devenir la norme. « Il les a endormis », s’amuse un ancien ministre, avant d’ajouter : « LFI a été plus calme, ça détonne par rapport à ce qu’on a pu connaître avec Gabriel Attal ».

Le flou, un atout dans la manche de Barnier

Outre ce ton posé, le locataire de Matignon mise aussi sur une autre carte : celle du flou. Sur les sujets les plus clivants, comme la réforme des retraites ou la politique migratoire, Michel Barnier reste évasif, se gardant bien d’être trop précis.

Il n’était pas là pour tout dévoiler, mais pour donner une direction, une méthode.

– Un proche du Premier ministre

Une manière de ne pas braquer prématurément les oppositions, tout en se ménageant des marges de manœuvre pour la suite. « Son objectif était de poser un nouveau climat à l’Assemblée », décrypte un habitué de l’hémicycle.

Une méthode payante, pour l’instant

Force est de constater que cette approche a fonctionné, du moins pour ce premier round. Les rangs clairsemés des Insoumis mardi soir et leur relative tranquillité en attestent. Même Mathilde Panot, pourtant prompte à chauffer la salle, s’est montrée étonnamment mesurée.

Mais cette accalmie sera-t-elle durable ? Rien n’est moins sûr. Car si Michel Barnier a réussi à poser les bases d’un dialogue apaisé, les sujets explosifs ne manqueront pas dans les semaines à venir. Réforme des retraites, budget 2024, politique énergétique : autant de dossiers sur lesquels majorité et oppositions risquent de s’affronter à nouveau.

Un test grandeur nature pour la méthode Barnier

La rentrée parlementaire s’annonce donc comme un test grandeur nature pour la méthode Barnier. Le Premier ministre parviendra-t-il à maintenir ce climat apaisé lorsqu’il s’agira d’entrer dans le dur des réformes ? Sa capacité à trouver des compromis avec les oppositions sera déterminante pour éviter une censure et mener à bien son action.

Une chose est sûre : l’ancien négociateur du Brexit n’a pas fini de jouer de ses talents diplomatiques dans l’arène de l’Assemblée nationale. Reste à voir si son art du consensus résistera à l’épreuve des faits et des clivages politiques. Les prochaines semaines nous le diront.

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