Un vent de révolte souffle sur les ports américains. Depuis mardi, les quais de la côte est, du Maine jusqu’au Texas, sont désertés par plus de 45 000 dockers en grève. Un événement d’une ampleur historique qui n’avait plus eu lieu depuis 1977. Au cœur de ce conflit social : un bras de fer entre l’International Longshoremen’s Association (ILA), un syndicat puissant de 85 000 adhérents, et la United States Maritime Alliance (USMX) représentant le patronat portuaire et maritime.
Le syndicat ILA en première ligne
Mené par son charismatique président Harold J. Daggett, 78 ans, vétéran du Vietnam, l’ILA entend bien obtenir gain de cause dans les négociations pour le renouvellement de la convention collective des six prochaines années. Depuis lundi soir, sur les docks de Newark dans le New Jersey, ce costaud au bouc blanc haranguait ses troupes au mégaphone :
Ces gens ne savent pas ce qu’est une grève. Je vais vous paralyser. Je vais vous paralyser et vous n’avez aucune idée de ce que cela signifie.
– Harold J. Daggett, président de l’ILA
Des revendications salariales au cœur du conflit
Le syndicat exige des revalorisations significatives pour ses adhérents, alors que les armateurs et opérateurs portuaires font face à un ralentissement de l’activité après les années fastes du Covid-19. Les 14 ports touchés par la grève, parmi lesquels des hubs stratégiques comme New York/New Jersey, Savannah ou Houston, traitent près de 50% des importations de conteneurs aux États-Unis.
Un impact économique potentiellement dévastateur
Si le conflit devait se prolonger, c’est toute l’économie américaine qui pourrait en pâtir, avec des répercussions en cascade :
- Perturbations d’approvisionnement pour de nombreuses industries
- Hausse des prix à la consommation
- Aggravation de l’inflation déjà élevée
- Baisse de la croissance du PIB
Face à ces enjeux, la Maison-Blanche suit de près l’évolution du conflit et appelle les deux parties à trouver rapidement un terrain d’entente. Mais le président de l’ILA, fort du soutien de sa base, semble déterminé à ne pas céder.
Une issue incertaine
La dernière grève d’ampleur des dockers américains en 2002 avait duré 10 jours et coûté des milliards de dollars à l’économie. Vingt ans plus tard, alors que le pays fait face à une situation économique compliquée, l’issue de ce nouveau bras de fer promet d’être décisive. Les prochains jours nous diront si la détermination des grévistes parviendra à faire plier le patronat maritime, et à quel prix pour le pays.
