ActualitésPolitique

Les coulisses du contrôle de Matignon sur les comptes rendus du Conseil des ministres

Les comptes rendus du Conseil des ministres ne se feront plus à l'Élysée, mais dans les locaux de Matignon. Ce changement illustre la volonté de Barnier d'affirmer son autonomie face à Macron. Découvrez les dessous de ce nouvel équilibre des pouvoirs...

Le changement peut parfois se nicher dans les détails du protocole. C’est le cas avec l’annonce faite ce lundi par Matignon : le compte-rendu du Conseil des ministres ne se fera plus devant le perron de l’Élysée, comme c’était le cas depuis 22 ans, mais dans des locaux de Matignon situés dans le 7ème arrondissement de Paris. Un détail ? Pas vraiment. Car derrière ce changement de décor se joue un subtil rééquilibrage des pouvoirs entre le Président de la République, Emmanuel Macron, et son Premier ministre, Michel Barnier.

Un “commun accord” qui en dit long

Officiellement, cette décision est le fruit “d’un commun accord” entre les deux têtes de l’exécutif. Mais dans les faits, elle marque surtout la volonté de Michel Barnier d’affirmer son autonomie et son autorité vis-à-vis d’un Président qui n’est pas issu de sa famille politique. Car si le Conseil des ministres continuera de se tenir à l’Élysée chaque semaine, sous la présidence du chef de l’État, son compte-rendu sera “désormais organisé par les équipes de Matignon”, en coordination avec la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.

Barnier rendra compte “de manière autonome”

Concrètement, cela signifie que le Premier ministre “rendra compte de son action de manière autonome”, dixit Matignon. Une façon de réaffirmer la place et le rôle du chef du gouvernement dans l’architecture institutionnelle de la Vème République, mais aussi de prendre ses distances avec un Président qui parle de “coopération exigeante” avec son Premier ministre.

Ce changement illustre le nouvel équilibre institutionnel entre le Président et le Premier ministre.

Matignon

Un symbole de la “cohabitation” Macron-Barnier ?

Faut-il y voir un symbole de la “cohabitation” qui se dessine entre Emmanuel Macron et Michel Barnier ? Matignon s’en défend, préférant parler d’un “nouvel équilibre institutionnel”. Il n’empêche : en reprenant la main sur la communication gouvernementale, le Premier ministre envoie un signal fort sur sa volonté d’exister par lui-même et d’incarner une ligne politique distincte de celle du Président.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : montrer que Matignon n’est pas une simple annexe de l’Élysée, mais un centre de pouvoir à part entière, avec sa propre logique et ses propres priorités. Une façon aussi pour Michel Barnier de se positionner en recours ou en alternative, alors qu’Emmanuel Macron apparaît affaibli après la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Le spectre des cohabitations passées

Ce n’est pas la première fois que le compte-rendu du Conseil des ministres fait l’objet d’un bras de fer entre l’Élysée et Matignon. Lors des cohabitations passées, sous Mitterrand et Chirac (1986-88, 1993-95) puis sous Chirac et Jospin (1997-2002), il avait déjà eu lieu ponctuellement à l’Hôtel de Matignon, siège du gouvernement. Une façon pour le Premier ministre d’alors d’affirmer son autonomie et sa prééminence sur la conduite de la politique nationale.

Mais depuis 2002 et le passage au quinquennat, qui a renforcé le poids de la présidence, ce rituel avait toujours eu lieu dans la cour de l’Élysée. Jusqu’à aujourd’hui. En renouant avec cette pratique, Michel Barnier s’inscrit donc dans les pas de ses prédécesseurs qui ont dû composer avec un Président d’un autre bord politique. Avec un message clair : Matignon entend bien peser sur les arbitrages et imprimer sa marque sur l’action gouvernementale.

Une première étape avant la déclaration de politique générale

Ce premier acte d’émancipation intervient à la veille d’une séquence importante pour le gouvernement Barnier : la déclaration de politique générale du Premier ministre devant les députés, prévue ce mardi à 15h. L’occasion pour le chef du gouvernement de dérouler son programme et sa méthode, mais aussi d’asseoir son autorité et sa légitimité face à une Assemblée nationale morcelée où les oppositions sont en embuscade.

En préemptant la communication sur le Conseil des ministres, Michel Barnier pose donc un premier jalon et envoie un message à la majorité relative comme aux oppositions : c’est lui qui tient la barre et qui fixe le cap, en coordination mais sans se confondre avec le Président. Une façon de clarifier les rôles et les responsabilités au sein de l’exécutif, mais aussi de se préparer à d’éventuelles turbulences politiques dans les mois à venir.

Bref, en changeant les codes et les habitudes du compte-rendu du Conseil des ministres, Michel Barnier fait un pas de côté par rapport à Emmanuel Macron. Un pas qui en dit long sur la nouvelle donne politique à l’œuvre et sur la volonté du Premier ministre de faire entendre sa petite musique au sein du duo exécutif. Reste à savoir jusqu’où cette partition à deux voix pourra être jouée sans fausse note, ni cacophonie…

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : montrer que Matignon n’est pas une simple annexe de l’Élysée, mais un centre de pouvoir à part entière, avec sa propre logique et ses propres priorités. Une façon aussi pour Michel Barnier de se positionner en recours ou en alternative, alors qu’Emmanuel Macron apparaît affaibli après la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Le spectre des cohabitations passées

Ce n’est pas la première fois que le compte-rendu du Conseil des ministres fait l’objet d’un bras de fer entre l’Élysée et Matignon. Lors des cohabitations passées, sous Mitterrand et Chirac (1986-88, 1993-95) puis sous Chirac et Jospin (1997-2002), il avait déjà eu lieu ponctuellement à l’Hôtel de Matignon, siège du gouvernement. Une façon pour le Premier ministre d’alors d’affirmer son autonomie et sa prééminence sur la conduite de la politique nationale.

Mais depuis 2002 et le passage au quinquennat, qui a renforcé le poids de la présidence, ce rituel avait toujours eu lieu dans la cour de l’Élysée. Jusqu’à aujourd’hui. En renouant avec cette pratique, Michel Barnier s’inscrit donc dans les pas de ses prédécesseurs qui ont dû composer avec un Président d’un autre bord politique. Avec un message clair : Matignon entend bien peser sur les arbitrages et imprimer sa marque sur l’action gouvernementale.

Une première étape avant la déclaration de politique générale

Ce premier acte d’émancipation intervient à la veille d’une séquence importante pour le gouvernement Barnier : la déclaration de politique générale du Premier ministre devant les députés, prévue ce mardi à 15h. L’occasion pour le chef du gouvernement de dérouler son programme et sa méthode, mais aussi d’asseoir son autorité et sa légitimité face à une Assemblée nationale morcelée où les oppositions sont en embuscade.

En préemptant la communication sur le Conseil des ministres, Michel Barnier pose donc un premier jalon et envoie un message à la majorité relative comme aux oppositions : c’est lui qui tient la barre et qui fixe le cap, en coordination mais sans se confondre avec le Président. Une façon de clarifier les rôles et les responsabilités au sein de l’exécutif, mais aussi de se préparer à d’éventuelles turbulences politiques dans les mois à venir.

Bref, en changeant les codes et les habitudes du compte-rendu du Conseil des ministres, Michel Barnier fait un pas de côté par rapport à Emmanuel Macron. Un pas qui en dit long sur la nouvelle donne politique à l’œuvre et sur la volonté du Premier ministre de faire entendre sa petite musique au sein du duo exécutif. Reste à savoir jusqu’où cette partition à deux voix pourra être jouée sans fausse note, ni cacophonie…

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.