Dimanche, en fin de journée, une banale procédure d’expulsion dans un appartement de La Courneuve a viré au drame. Alors que les forces de l’ordre avaient été requises pour assister une locataire contrainte de quitter son logement, l’un des propriétaires s’en est violemment pris à un fonctionnaire de police. Un déchaînement de violence qui a nécessité l’interpellation de quatre individus et qui met une nouvelle fois en lumière les difficultés du maintien de l’ordre dans les quartiers sensibles.
Une expulsion locative qui dégénère
Tout commence par une procédure d’expulsion somme toute classique dans un immeuble de La Courneuve, commune de Seine-Saint-Denis tristement célèbre pour ses quartiers difficiles. La locataire, vraisemblablement en situation irrégulière, se voit contrainte de quitter son appartement. Pour s’assurer du bon déroulement des opérations, elle fait alors appel aux forces de l’ordre.
C’est là que les choses dérapent. Alors que les policiers tentent de dialoguer, l’un des propriétaires perd son sang-froid. Après une altercation verbale, il s’en prend physiquement à l’un des fonctionnaires, l’attrapant violemment à la gorge. S’ensuit un déchaînement de coups, le policier recevant plusieurs genoux au visage sous le regard médusé des témoins.
L’intervention musclée des collègues
Heureusement, les collègues de la victime réagissent promptement pour maîtriser l’individu déchaîné. Non sans mal, ils parviennent à l’interpeller ainsi que trois autres personnes impliquées à des degrés divers dans ce déferlement de violences. Une intervention qui aura nécessité des renforts et beaucoup de sang-froid de la part des forces de l’ordre, une fois de plus confrontées à la haine anti-flic qui gangrène certains quartiers.
«Les collègues sont intervenus avec un grand professionnalisme pour interpeller les mis en cause, malgré un contexte très hostile. Cela démontre encore une fois les conditions très difficiles dans lesquelles nous devons opérer dans certaines zones» confie un policier sous couvert d’anonymat.
Le policier blessé hospitalisé
Sous le choc, le fonctionnaire de police agressé a dû être pris en charge par les secours et transporté à l’hôpital. Si ses jours ne sont pas en danger, il gardera certainement des séquelles psychologiques de cette brutale agression. Un événement traumatisant de plus pour les forces de l’ordre, régulièrement prises pour cible lors des interventions en banlieue.
Un quotidien sous tension
Car loin d’être un fait isolé, cet incident s’inscrit dans un contexte de tensions récurrentes entre police et population dans de nombreux quartiers sensibles, notamment en région parisienne. Agressions, outrages, rébellions… Les forces de l’ordre doivent composer avec une hostilité parfois violente lors de leurs missions de terrain.
- Selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les agressions contre les policiers ont bondi de 18% en zone urbaine en 2022.
- En Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine, ce sont plus de 5 fonctionnaires sur 10 qui disent avoir été victimes de violences dans l’exercice de leurs fonctions.
Un phénomène préoccupant qui pèse sur le moral des troupes et complique singulièrement les missions du quotidien. Mais aussi le symptôme criant d’une crise profonde dans ces territoires gangrénés par la précarité, le chômage et l’absence de perspectives pour une partie de la jeunesse.
Un sujet brûlant renvoyé au cœur du débat
Au delà des tensions et des drames humains, ces violences contre les policiers viennent régulièrement percuter l’agenda politique et médiatique. Elles ne manqueront pas de relancer le débat sur la sécurité, la crise des banlieues et les moyens alloués aux forces de l’ordre, autant de thèmes clivants et explosifs.
En attendant, pour le fonctionnaire de police agressé à La Courneuve et ses collègues, l’heure est à la convalescence et à la digestion de ce nouvel épisode traumatique. Avant de retourner au front, pour assurer coûte que coûte la difficile mission du maintien de l’ordre républicain dans les quartiers qui en ont le plus besoin. Puisse leur abnégation ne pas rester vaine.