La radicalisation de certains élèves musulmans dans les écoles belges est un sujet brûlant et pourtant tabou. Des professeurs ont décidé de briser l’omerta en témoignant, sous couvert d’anonymat, des dérives inquiétantes qu’ils observent en classe. Refus d’aborder certains sujets, menaces, soutien assumé au terrorisme… Un phénomène préoccupant qui s’amplifie.
Des concepts scientifiques et valeurs rejetés au nom de l’islam
Depuis quelques années, les enseignants constatent un rejet grandissant de notions pourtant communément admises, de la part d’élèves musulmans se revendiquant d’un islam rigoriste. Théorie de l’évolution, infini en mathématiques, laïcité, égalité homme-femme… Autant de concepts jugés “haram”, c’est-à-dire interdits par leur religion.
Je n’entends plus que ‘C’est haram’ en classe. Certains élèves me disent que je n’ai pas le droit de parler de l’islam, que je ne suis pas habilitée à parler de religion.
– Maud, professeure d’histoire depuis 39 ans
Des élèves refusent désormais d’étudier certains sujets, une dérive qui touche même l’université. Des étudiants musulmans rejettent les principes de l’état de droit, refusent de porter des manches courtes en filière santé, occupent des salles pour prier sans autorisation…
L’ombre des attentats et la peur des représailles
L’assassinat de Samuel Paty en France pour avoir montré des caricatures du prophète a traumatisé les enseignants. Certains élèves belges ont applaudi en classe au moment des attentats ou inscrit le nom de terroristes au tableau. Des propos violents, menaçants, pro-djihadistes, qui installent un climat d’insécurité.
Enseigner est devenu dangereux. Même si on connaît nos élèves, il y a un sentiment d’insécurité car on ignore s’ils en parleraient à un frère, un oncle, un cousin.
– Maud, menacée pour ses propos
Certains professeurs ont subi des intimidations physiques de la part d’élèves radicalisés, allant jusqu’à la menace au couteau. De quoi en dissuader plus d’un de continuer à enseigner certaines matières sensibles.
Antisionisme et rejet des juifs dès le plus jeune âge
Le conflit israélo-palestinien cristallise les tensions, avec son lot de préjugés et d’ignorance. Expliquer la création d’Israël devient mission impossible, sous peine d’être taxé de “prosélytisme”. De jeunes musulmans refusent des visites scolaires dans des camps de concentration. Une haine des juifs qui semble inculquée dès l’enfance.
On leur apprend très jeune à haïr les Juifs. C’est de l’antisionisme comme ils disent et non de l’antisémitisme.
– Maud, professeure d’histoire
- Augmentation inquiétante du nombre de signalements pour radicalisation dans les écoles.
- Des professeurs de plus en plus isolés et démunis face à ce phénomène.
Un problème sous-estimé par les autorités
Contrairement à la France, la Belgique francophone ne dispose pas de données chiffrées sur l’ampleur du phénomène. Les signalements semblent pourtant exploser : de 3 à 4 par an en 2019, on est passé à 3 à 4 par jour en 2023 en Flandre. Mais le sujet reste tabou, personne n’ose vraiment mettre les pieds dans le plat.
Des enseignants lancent un cri d’alerte sur une situation qui semble hors de contrôle. Entre menaces voilées des familles et pression communautaire, beaucoup s’autocensurent pour éviter tout incident. Un silence coupable qui laisse le champ libre à la radicalisation des esprits. Il est urgent que les pouvoirs publics prennent la mesure du problème et donnent aux écoles les moyens d’y faire face. Sinon, c’est l’école républicaine et ses valeurs fondamentales qui sont en péril.