Le constat est alarmant : de plus en plus de professeurs, du secondaire à l’université, se heurtent à une dégradation préoccupante du niveau de langue de leurs élèves et étudiants. Copies incompréhensibles, défaillances syntaxiques, lacunes grammaticales… Les enseignants peinent à déchiffrer les écrits de leurs apprenants, au point de se demander comment enrayer cette chute vertigineuse des compétences linguistiques.
Une Crise qui Touche Toutes les Matières
Si les professeurs de lettres ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme, leurs collègues des autres disciplines leur emboîtent désormais le pas. Qu’ils enseignent l’histoire, la philosophie ou le droit, tous déplorent la même baisse de qualité rédactionnelle.
Mes élèves de Terminale deviennent incapables de construire une phrase avec logique. Ils ont du mal à structurer leur pensée, non pas qu’ils soient moins intelligents qu’avant, mais à cause d’une défaillance syntaxique.
– Emmanuelle, professeure de philosophie
Au-delà des simples fautes d’orthographe, ce sont des copies entières qui deviennent incompréhensibles, au grand dam des correcteurs. La maîtrise de la langue, jadis accessoire, s’impose comme un enjeu crucial dans toutes les matières.
Des Professeurs Démunis Face aux Lacunes
Face à l’ampleur de la tâche, les enseignants se retrouvent souvent démunis. Faut-il consacrer du temps de cours à des rappels de grammaire ? Sanctionner plus sévèrement les fautes dans les copies, au risque de démotiver les élèves ? Les avis divergent, mais tous s’accordent sur l’urgence d’agir.
Je fais systématiquement un point en deuxième année parce qu’ils ne savent pas conjuguer le verbe subir dans les dommages qu’elle a subi, par exemple. Or c’est une phrase qui peut revenir une dizaine de fois dans les copies.
– Aude Denizot, professeure de droit
Enrayer la Chute du Niveau : Un Défi Colossal
Si le constat est unanime, les solutions peinent encore à émerger. Entre exercices de remédiation, sanction des fautes et révision des programmes, les pistes sont nombreuses mais les moyens manquent. Pourtant, l’enjeu est de taille : il en va de la capacité de nos élèves et étudiants à s’exprimer clairement et à structurer leur pensée, des compétences indispensables dans leur vie personnelle comme professionnelle.
Face à ce défi colossal, c’est toute la communauté éducative qui doit se mobiliser. Des initiatives émergent çà et là, preuve que la prise de conscience est réelle. Mais sans une action d’envergure, coordonnée et soutenue par les pouvoirs publics, le risque est grand de voir la crise du français s’enraciner durablement, hypothéquant l’avenir de toute une génération.