Envahie, étouffée, défigurée. Tels sont les maux dont souffre Barcelone, devenue l’une des destinations touristiques les plus prisées au monde. Mais aujourd’hui, la ville catalane dit stop. Face à l’essor du tourisme de masse qui menace son identité et son équilibre, elle s’apprête à prendre des mesures radicales pour reprendre le contrôle.
Le ras-le-bol des habitants
Dans les ruelles pavées du Barrio Gotico, l’un des joyaux historiques de Barcelone, l’exaspération des locaux est à son comble. Submergé par les vagues incessantes de visiteurs, ce quartier emblématique a perdu son âme. Les commerces traditionnels ont cédé la place aux boutiques de souvenirs et les prix de l’immobilier flambent, poussant les habitants hors de chez eux.
Barcelone est devenu un parc d’attractions
Ander, habitant du centre-ville
Cette ville-musée est le symbole d’un mal plus profond qui ronge de nombreuses cités européennes : le surtourisme. Un phénomène massif favorisé par l’essor des compagnies aériennes low-cost et des plateformes de location comme Airbnb. En haute saison, la foule est telle dans les rues que les Barcelonais peinent à se frayer un chemin jusqu’à leur domicile ou leur travail.
Des loyers qui s’envolent
Autre conséquence désastreuse du tourisme de masse : la pénurie de logements abordables. De plus en plus d’appartements sont convertis en locations saisonnières ultra rentables sur Airbnb, au détriment des résidents permanents. Résultat, les loyers s’envolent et les locaux sont progressivement chassés du centre-ville, remplacés par une population de passage.
J’ai dû quitter mon appartement car le propriétaire voulait le louer sur Airbnb. Je n’avais plus les moyens de rester dans mon quartier.
Maria, ancienne habitante du Barrio Gotico
La mairie contre-attaque
Pour enrayer cette spirale infernale, la municipalité a décidé de s’attaquer au problème à la racine. D’ici 2028, Airbnb sera totalement interdit à Barcelone, une première en Europe. La ville veut ainsi récupérer des milliers de logements et faire baisser les loyers.
Autre cible dans le collimateur : les bateaux de croisière. Chaque année, des centaines de paquebots déversent des millions de croisiéristes dans le port de la cité catalane, saturant un peu plus ses artères. La mairie souhaite plafonner le nombre de navires autorisés à accoster.
Un pari risqué
Si les mesures anti-tourisme sont plébiscitées par les habitants, certains s’inquiètent de leur impact économique. Le secteur représente 15% du PIB barcelonais et fait vivre de nombreux commerces et emplois. Le pari de la mairie est donc risqué.
Mais pour beaucoup, il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard et que Barcelone ne perde définitivement son identité. Le défi est de taille : réussir à concilier tourisme et qualité de vie des habitants. Un équilibre que la ville espère atteindre en reprenant la main sur son destin.