À la veille des élections législatives autrichiennes, un vent de changement souffle sur le pays. Le parti d’extrême droite FPÖ, porté par un discours nationaliste et anti-immigration, est en passe de devenir la première force politique du pays. Un séisme politique qui ébranle l’Autriche et inquiète l’Europe.
L’irrésistible ascension du FPÖ
Marginalisé il y a encore quelques années, le FPÖ a connu une ascension fulgurante dans les sondages. Son leader charismatique, Herbert Kickl, a su capter les peurs et les colères d’une partie de la population autrichienne, inquiète face à l’afflux de migrants et à la crise économique.
Avec un discours musclé sur l’immigration et l’identité nationale, le FPÖ surfe sur les mêmes thèmes que les autres partis d’extrême droite européens. “On ne paye plus pour eux, ils peuvent retourner d’où ils sont partis”, martèle Herbert Kickl en parlant des migrants, sous les applaudissements de ses supporteurs.
Un culte autour de Herbert Kickl
Le chef du FPÖ est adulé par ses supporteurs, qui lui vouent un véritable culte. Ses meetings ressemblent à des shows, où il harangue la foule avec des formules choc et des théories complotistes. Un style qui tranche avec la politique traditionnelle autrichienne, plus consensuelle.
Herbert Kickl est le seul à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Il ose s’attaquer aux tabous et défendre l’Autriche
– Un supporteur du FPÖ
Un programme radical
Au-delà de la rhétorique anti-immigration, le FPÖ défend un programme très à droite sur le plan économique et sociétal :
- Réduction drastique de l’immigration
- Priorité nationale pour l’emploi et le logement
- Référendum sur la sortie de l’UE
- Durcissement sécuritaire et remise en cause de l’État de droit
Un programme qui fait écho aux revendications des électeurs tentés par un vote protestataire, en rupture avec le système politique traditionnel. Mais qui suscite l’inquiétude d’une partie de la société civile, qui redoute un recul des libertés et une stigmatisation des minorités.
L’ombre du passé nazi
La percée du FPÖ réveille aussi les fantômes du passé. Fondé par d’anciens nazis dans les années 50, le parti a toujours entretenu une ambiguïté vis-à-vis de cet héritage encombrant. Des dérapages réguliers de ses cadres, entre nostalgie de l’Anschluss et négationnisme, viennent rappeler ses origines sulfureuses.
Une ambiguïté qui ne semble pas freiner son ascension électorale. Au contraire, en jouant sur les peurs et les ressentiments, le FPÖ parvient à attirer un électorat déçu et en colère. La banalisation de son discours extrême participe aussi de cette dynamique.
Un séisme politique en vue
Si les sondages se confirment, le FPÖ est bien parti pour arriver en tête des élections de dimanche. Un séisme politique pour l’Autriche, qui pourrait voir un parti d’extrême droite diriger le gouvernement pour la première fois de son histoire.
Un tel scénario aurait des répercussions bien au-delà des frontières autrichiennes. Il confirmerait la poussée des populismes en Europe et fragiliserait un peu plus le projet européen. L’Autriche, pays modeste mais stratégique au cœur du continent, deviendrait un laboratoire des idées d’extrême droite au pouvoir.
Face à cette perspective, les appels à faire barrage se multiplient, de la société civile aux partis traditionnels. Mais dans une Autriche déboussolée et fragmentée, la tâche s’annonce ardue. Le FPÖ a su imposer ses thèmes et son style dans le débat public, contraignant ses adversaires à se positionner sur son terrain.
Quel que soit le résultat dimanche, une page se tourne en Autriche. Le succès du FPÖ aura permis de libérer la parole xénophobe et de banaliser les idées d’extrême droite. Un terrain fertile pour les populistes de tout poil, en Autriche comme ailleurs en Europe. Le réveil risque d’être difficile.
