Un drame sordide s’est déroulé le 3 novembre 2022 dans un train reliant Le Mans à Montval-sur-Loir. Manuella, jeune femme de 20 ans, a été violée par un individu qui l’a suivie jusque dans son wagon presque vide. Malgré ses supplications, l’agresseur a abusé d’elle pendant une grande partie du trajet, profitant de sa paralysie due à la peur. Cet acte odieux aurait-il pu être évité ?
Un accusé dans le déni face à la justice
Près de deux ans après les faits, El-Anrif Saidali a été jugé coupable par le tribunal du Mans pour ce viol. Tout au long de son procès qui s’est tenu les 24 et 25 septembre 2024, l’accusé a pourtant clamé son innocence :
Je suis innocent. J’ai confiance en la justice de notre pays.
Un déni difficilement soutenable face au récit glaçant livré par la victime à la barre. Manuella a raconté comment cet inconnu l’a suivie sur le quai, comment il a recouvert ses jambes avec son manteau une fois dans le wagon, puis comment il lui a enserré les poignets pour abuser d’elle. Tétanisée, elle n’a pas pu crier ni se défendre.
Le lourd passé de l’agresseur
Durant le procès, l’avocat général a révélé qu’El-Anrif Saidali avait déjà fait l’objet d’une plainte pour atteinte sexuelle en 2017, suivant le même mode opératoire. Mais à l’époque, le parquet avait classé l’affaire sans suite.
On a classé sans suites, on n’aurait pas dû.
– L’avocat général
Un aveu d’échec de la part du magistrat. Si la justice avait pris cette première plainte au sérieux, le viol de Manuella aurait peut-être pu être évité. Combien de victimes auraient pu être épargnées si ce prédateur avait été stoppé à temps ?
Un traumatisme à vie pour la victime
Au-delà de l’agression physique, c’est un véritable traumatisme psychologique que devra surmonter Manuella. Monter dans un train, côtoyer des inconnus, faire confiance… autant de gestes du quotidien qui lui seront désormais difficiles.
Espérons que la condamnation de son agresseur lui permettra d’entamer un processus de reconstruction. Mais les cicatrices, elles, ne s’effaceront jamais complètement.
La sécurité des femmes dans les transports en question
Cette terrible affaire remet une nouvelle fois en lumière le fléau des violences sexuelles dans les transports en commun. Combien de femmes vivent dans la peur d’être agressées lors de leurs déplacements ? Combien renoncent à sortir seules le soir ou emprunter certaines lignes ?
Des mesures fortes doivent être prises pour endiguer ce phénomène :
- Renforcer la présence humaine dans les trains et les gares
- Multiplier les dispositifs d’alerte et de vidéosurveillance
- Durcir les peines contre les agresseurs et assurer un suivi pour prévenir la récidive
- Mener des campagnes de sensibilisation auprès des hommes
Car au-delà du cas particulier de Manuella et El-Anrif Saidali, c’est un véritable enjeu de société. Aucune femme ne devrait avoir peur lorsqu’elle voyage. C’est une liberté fondamentale qui doit être garantie à toutes.
La justice face à ses manquements
Ce procès aura aussi mis en lumière les carences de notre système judiciaire. Lenteur des procédures, manque de moyens, erreurs d’appréciation… Trop de crimes auraient pu être évités si la justice avait joué pleinement son rôle.
Le mea culpa du parquet dans cette affaire est un premier pas. Mais il faudra plus que des paroles pour restaurer la confiance des citoyens envers l’institution judiciaire. Des réformes profondes sont nécessaires.
Il en va de la protection des victimes, comme Manuella, mais aussi de la cohésion de notre société. Car sans une justice forte et efficace, c’est le règne de l’impunité qui menace. Et ça, nous ne pouvons l’accepter.