Alors que l’Assemblée générale des Nations Unies se tient à New York, avec le soutien à l’Ukraine en tête d’agenda pour les pays occidentaux, le président russe Vladimir Poutine fait monter la pression en évoquant une possible révision de la doctrine nucléaire de son pays. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe mercredi, il a averti que Moscou pourrait utiliser l’arme atomique en cas “d’attaques massives” contre son territoire.
Une Réponse aux Menaces Perçues
Selon Vladimir Poutine, un assaut de l’armée ukrainienne soutenu par une puissance nucléaire constituerait une agression “conjointe” contre la Russie, justifiant potentiellement l’utilisation d’armes nucléaires en réponse. Il a précisé que cela comprenait les attaques de “l’aviation stratégique et tactique, les missiles ou encore les drones” franchissant les frontières russes.
“Nous envisagerons une telle possibilité si nous recevons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d’attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre État”
– Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie
La Doctrine Nucléaire Russe en Question
La doctrine nucléaire russe actuelle, datant de 2020, prévoit un usage “strictement défensif” de l’arme atomique, en cas d’attaque du pays avec des armes de destruction massive ou d’agression conventionnelle menaçant “l’existence même de l’État”. Moscou se réserve également la possibilité de frapper en premier dans plusieurs scénarios.
Toutefois, certains experts russes influents estiment que cette dissuasion n’est plus efficace, n’ayant pas empêché la montée en puissance de l’appui occidental à l’Ukraine, qualifié de “co-belligérance” par le Kremlin. Vladimir Poutine semble leur donner raison en suggérant des modifications à la politique nucléaire pour s’adapter à “l’évolution très dynamique de la situation militaire et politique”.
Une Escalade Verbale Inquiétante
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le président russe agite régulièrement le spectre de l’arme nucléaire, dans une posture qualifiée de “sanctuarisation agressive” par les analystes occidentaux. Ses dernières déclarations interviennent à un moment charnière, alors que Kiev réclame des missiles de plus longue portée pour frapper le territoire russe.
Les États-Unis se retiennent pour l’instant de franchir cette ligne rouge, craignant une réaction disproportionnée de Moscou. Mi-septembre, Vladimir Poutine avait d’ailleurs prévenu qu’une telle décision signifierait que “les pays de l’OTAN sont en guerre contre la Russie”. Ses propos de mercredi viennent renforcer cet avertissement.
Implications Géopolitiques et Risques
Cette escalade verbale intervient dans un contexte déjà tendu, marqué par :
- Des combats acharnés dans le Donbass
- Des frappes russes massives sur les infrastructures ukrainiennes
- Un soutien militaire et financier accru de l’Occident à Kiev
- Des sanctions économiques sans précédent contre Moscou
Les menaces à peine voilées du Kremlin risquent de compliquer encore davantage les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit. Elles illustrent aussi la détermination de Vladimir Poutine à défendre ce qu’il considère comme les intérêts vitaux de la Russie, quitte à franchir le seuil nucléaire.
Si une confrontation directe entre l’OTAN et Moscou semble toujours improbable, le risque d’un accident ou d’une erreur d’appréciation aux conséquences catastrophiques ne peut être écarté. Dans ce climat de défiance et de tensions exacerbées, la retenue et le dialogue apparaissent plus que jamais nécessaires pour éviter l’irréparable.
