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Le FPÖ autrichien défend la “remigration” pour les législatives

Le FPÖ, favori des sondages, veut faire de l'Autriche une "forteresse" via la "remigration". Un durcissement qui témoigne d'une droitisation de la société depuis la crise migratoire de 2015. Jusqu'où ira cette radicalisation ?

À l’approche des élections législatives du 29 septembre en Autriche, un parti se démarque par ses propositions radicales : le Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ). Son leader Herbert Kickl, qui caracole en tête des sondages, a décidé de miser sur un concept des plus polémiques pour faire campagne : la “remigration”.

La “remigration” au cœur du programme du FPÖ

Mais qu’entend exactement Herbert Kickl par “remigration” ? Il s’agit ni plus ni moins que de renvoyer dans leur pays d’origine les immigrés, y compris ceux ayant acquis la nationalité autrichienne. L’objectif affiché : rendre à l’Autriche “l’homogénéité de son peuple”. Un concept qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de l’histoire européenne.

Concrètement, le FPÖ envisage de retirer la nationalité à tout naturalisé “qui s’attaque à nos valeurs”. Certains candidats du parti vont encore plus loin, évoquant la “remigration” des “écoliers qui manquent de respect” ou des “racailles”. Des propos d’une inquiétante radicalité, qui en disent long sur la vision de la société portée par le FPÖ.

L’Autriche, future “forteresse” ?

Au-delà de la “remigration”, le programme du FPÖ fourmille de mesures extrêmes en matière d’immigration. Herbert Kickl veut ainsi transformer l’Autriche en “forteresse”, où “le droit d’asile sera stoppé”. Une rhétorique sécuritaire et xénophobe décomplexée, qui rompt avec le langage policé habituellement de mise en politique.

Pour le sociologue Andreas Kranebitter, ces surenchères verbales témoignent d’un inquiétant “glissement vers la droite de la population depuis la crise migratoire de 2015”. La pandémie de Covid-19 aurait accentué cette tendance, avec “une perte de confiance dans les institutions démocratiques et une montée du soutien aux thèses les plus radicales”.

La remigration, un concept de plus en plus banalisé

Preuve de cette banalisation : le terme “remigration” est “repris de manière de plus en plus positive” dans le débat public selon M. Kranebitter. Un phénomène qui dépasse les frontières de l’Autriche, le concept faisant florès dans plusieurs pays européens, notamment au sein des partis d’extrême droite.

Faut-il y voir un effet de mode ou les prémisses d’un bouleversement durable du paysage politique ? Une chose est sûre : portée par un FPÖ en pleine dynamique, l’idée de “remigration” est en passe de s’installer durablement dans le débat. Avec à la clé un risque majeur de stigmatisation des populations immigrées et de fragmentation de la société.

Un durcissement qui fait écho à une droitisation de la société

Au-delà du cas du FPÖ, cette percée des idées extrêmes interroge sur l’évolution de la société autrichienne dans son ensemble. Les différentes crises traversées ces dernières années (migratoire, sanitaire, économique…) ont manifestement laissé des traces et fait le lit d’un populisme décomplexé.

Face à ce climat délétère, il appartient aux forces démocratiques de réaffirmer avec force les valeurs de tolérance et d’ouverture qui fondent le vivre-ensemble. Un impératif d’autant plus crucial à l’heure où les vents mauvais de la haine et de la division soufflent sur l’Europe. L’Autriche, terre historique de dialogue entre les peuples, se doit de montrer l’exemple. Avant qu’il ne soit trop tard.

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