87 impacts de balles sur les murs, des tags menaçants, des règlements de compte à proximité… Le quotidien est devenu un véritable cauchemar pour les enseignants et élèves du collège Mallarmé, situé dans le 13e arrondissement de Marseille. Face à l’insécurité grandissante liée à un point de deal installé aux abords de l’établissement, le personnel a décidé d’exercer son droit de retrait, dénonçant des “dangers graves et imminents” et réclamant des mesures urgentes pour assurer la sécurité de tous.
Un collège sous les balles, le point de rupture
Mardi dernier, les enseignants du collège Mallarmé ont dit stop. Stop à la peur, stop à l’insécurité, stop à l’inaction face à une situation devenue intenable. Dans un communiqué de presse, ils ont détaillé les traces de violence omniprésentes dans et autour de l’établissement :
Différentes traces de violences sont visibles aux abords et à l’intérieur de l’établissement, notamment, sur les murs d’enceinte, sur les vitres (87 impacts de balles), sur la façade, sur la piste d’athlétisme.
– Communiqué du personnel du collège Mallarmé
Des murs criblés de balles, des vitres brisées, des tags menaçants signés “Coffee”… L’établissement porte les stigmates d’une violence quotidienne devenue insoutenable. Et pour cause, un point de deal s’est installé juste à côté du collège, faisant craindre aux enseignants des représailles s’ils venaient à s’y opposer.
« On est des fonctionnaires de l’Éducation nationale, pas du GIGN ! »
Face à cette situation, les enseignants se sentent abandonnés, livrés à eux-mêmes dans un contexte ultra-violent qui les dépasse. Jean-François Negri, représentant syndical chez Sud Éducation 13, résume leur désarroi :
Les collègues craquent et ne se sentent pas en sécurité. On est des fonctionnaires de l’Éducation nationale, pas du GIGN !
– Jean-François Negri, Sud Éducation 13
Le personnel refuse d’être transformé en force d’intervention pour affronter la violence des quartiers. Leur mission est d’enseigner, d’éduquer, dans un cadre serein et sécurisé. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse : la peur au ventre, ils viennent travailler dans un établissement qui ressemble davantage à une zone de guerre qu’à un lieu d’apprentissage.
Des quartiers nord gangrénés par le trafic de drogue
Malheureusement, la situation du collège Mallarmé est loin d’être un cas isolé. Dans les quartiers nord de Marseille, le trafic de drogue gangrène le quotidien des habitants, et les établissements scolaires n’y échappent pas. Points de deal, règlements de compte, intimidations… La violence liée aux stupéfiants s’invite aux portes des écoles, mettant en danger élèves et enseignants.
Les autorités semblent dépassées, incapables d’endiguer un fléau qui ne cesse de s’étendre. Et pendant ce temps, c’est tout un pan de la jeunesse marseillaise qui grandit dans un climat délétère, où la peur et la violence font partie du quotidien. Une situation inacceptable qui appelle des mesures fortes et immédiates.
Un appel à l’aide, pour la sécurité et l’avenir des élèves
En exerçant leur droit de retrait, les enseignants du collège Mallarmé lancent un véritable cri d’alarme. Ils refusent de continuer à travailler dans ces conditions, mettant en jeu leur sécurité et celle de leurs élèves. Ils réclament des mesures d’urgence :
- Un renforcement massif de la sécurité aux abords et au sein de l’établissement
- Des moyens supplémentaires pour faire face à la violence et ses conséquences sur les élèves
- Une politique ambitieuse de lutte contre le trafic de drogue, pour assainir durablement le quartier
Car derrière cette crise sécuritaire, c’est l’avenir même de centaines de jeunes qui est en jeu. Comment apprendre sereinement lorsque son collège est criblé de balles ? Comment se construire lorsque la violence est omniprésente ? Il y a urgence à agir, pour redonner à ces élèves leur droit le plus fondamental : celui d’étudier dans un environnement sûr et épanouissant.
Le collège Mallarmé est devenu malgré lui le symbole d’une crise profonde qui ronge les quartiers nord de Marseille. Une crise sécuritaire, sociale, éducative, qui menace de sacrifier toute une génération. Face à l’ampleur du défi, c’est une mobilisation générale qui s’impose. État, collectivités, forces de l’ordre, acteurs éducatifs et associatifs… Tous doivent s’unir pour apporter des réponses à la hauteur des enjeux. Car l’école de la République ne peut pas être une école de la peur. Elle doit rester ce lieu d’émancipation et de construction de l’avenir qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.