C’est un ouf de soulagement que pousse Olaf Scholz ce dimanche soir. Lors des élections régionales en Brandebourg, son parti, le SPD, est parvenu in extremis à conserver son leadership face à une extrême droite plus menaçante que jamais. Une victoire sur le fil qui préserve le chancelier mais confirme la montée en puissance des populistes de l’AfD dans l’ex-Allemagne de l’Est. Avec quelles conséquences pour la coalition au pouvoir à Berlin et l’avenir politique de Scholz ?
Le SPD l’emporte d’une courte tête
Selon les sondages sortis des urnes, le Parti social-démocrate (SPD) obtient 31% des voix, devançant de justesse l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) créditée de 30%. Un écart plus faible qu’espéré pour le parti du chancelier, qui contrôle cette région depuis la Réunification. En 2019, le SPD avait obtenu 26,2% contre 23,5% pour l’AfD.
Cette victoire étriquée constitue néanmoins un soulagement pour Olaf Scholz, dont la coalition « feu tricolore » avec les Verts et les Libéraux du FDP est fragilisée par des dissensions internes et une impopularité record. Une défaite en Brandebourg, son fief électoral, aurait été interprétée comme un désaveu cinglant.
Une campagne en retrait pour Scholz
Conscient des risques, le chancelier avait fait profil bas durant la campagne, laissant le ministre-président sortant Dietmar Woidke occuper le devant de la scène. Une stratégie payante pour ce dernier, qui avait lié son avenir politique au résultat du scrutin :
C’est un bon dirigeant et il a fait beaucoup de choses pour les gens.
Ines, une retraitée de Potsdam
L’AfD confirme son ancrage à l’Est
Si elle échoue de peu à ravir la première place, l’extrême droite enregistre une nouvelle progression, après son succès en Thuringe début septembre. Avec 30% des voix, elle réalise son deuxième meilleur score dans un Land de l’ex-RDA, confirmant son implantation durable dans cette partie de l’Allemagne.
Un vote protestataire nourri par le mécontentement face à la politique du gouvernement fédéral, particulièrement sur les questions de pouvoir d’achat et d’immigration. La rhétorique anti-Scholz et le rejet des élites de la capitale ont été des thèmes porteurs pour les candidats de l’AfD durant la campagne.
Quel impact sur la coalition au pouvoir ?
Cette poussée de l’extrême droite ne devrait pas bouleverser à court terme les équilibres politiques en Brandebourg. Aucun autre parti n’étant disposé à s’allier avec l’AfD, le SPD de Dietmar Woidke a les coudées franches pour reconduire sa coalition avec la CDU (chrétiens-démocrates) et les Verts.
Au niveau national, le chancelier Scholz peut souffler. S’il ne conforte pas sa position, ce résultat lui évite un camouflet qui aurait encore accru la pression sur sa fragile coalition, déjà minée par la fronde des Libéraux sur les questions budgétaires et le dossier ukrainien.
Reste que cette nouvelle alerte électorale confirme la dynamique de l’AfD, portée par le rejet des élites traditionnelles et un discours sécuritaire et identitaire ciblant l’immigration. Un défi de long terme pour la coalition au pouvoir, mise au défi de reconquérir la confiance des électeurs de l’Est, tentés par les sirènes populistes.
Prochaine échéance pour l’exécutif Scholz, les élections européennes de 2024. Un test grandeur nature avant les législatives de 2025, pour lesquelles le SPD et la CDU ambitionnent de ravir la chancellerie. D’ici là, Olaf Scholz va devoir prouver qu’il a la stature et l’autorité pour ressouder sa coalition et enrayer la montée de l’extrême droite. Un défi de taille.