Stupeur et consternation : quatre embarcations de l’armée américaine se sont échouées ce samedi matin près du port artificiel de Gaza, en raison d’une mer agitée. Un incident pour le moins embarrassant pour la première puissance militaire mondiale, censée maîtriser les flots. Mais que s’est-il donc passé ?
Un ponton high-tech pris de court par les éléments
Les navires en question étaient utilisés pour la jetée provisoire mise en place par les États-Unis afin d’acheminer l’aide humanitaire vers Gaza. Un projet ambitieux et coûteux, d’un montant de 320 millions de dollars, destiné à pallier les restrictions imposées par Israël sur les voies terrestres. Mais c’était sans compter sur Dame Nature et ses caprices…
D’après le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), les embarcations se sont détachées de leur mouillage à cause d’une « mer agitée ». Deux d’entre elles sont désormais amarrées à la plage près du ponton, tandis que les deux autres ont dérivé jusqu’aux côtes israéliennes proches d’Ashkelon. Un joli pied de nez aux technologies de pointe déployées.
Le ponton reste pleinement fonctionnel.
– Le Centcom, rassurant malgré tout
Une situation ubuesque
Si l’incident n’a heureusement pas fait de blessés parmi les militaires, il n’en reste pas moins ubuesque. Comment imaginer que les fleurons de la Marine américaine puissent se retrouver en si fâcheuse posture, jouets des flots déchaînés ? Une image saisissante et lourde de symboles, quand on connaît les moyens faramineux de l’armée US.
En coulisses, l’armée israélienne s’active pour aider son allié à renflouer les navires échoués. Le Centcom a tenu à préciser qu’aucun militaire américain ne pénétrerait dans Gaza. Une mise au point qui illustre toute la dimension politique et sécuritaire de ce rocambolesque épisode.
Des initiatives alternatives face au blocus
Ce port artificiel, aussi sophistiqué soit-il, s’inscrit dans une tentative de contourner le blocus imposé à Gaza. Ravagé par sept mois d’une guerre déclenchée en octobre dernier par le Hamas contre Israël, le territoire palestinien est étranglé, au bord de l’asphyxie humanitaire.
Selon l’ONU, les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont presque tous été déplacés par les combats. Ils se retrouvent en situation d’insécurité alimentaire, voire menacés par la famine. Les organisations humanitaires peinent à faire parvenir l’aide nécessaire, en raison des restrictions draconiennes.
Face à cette situation intenable, les initiatives alternatives se multiplient. Au cours de la semaine écoulée, l’installation américaine a permis le débarquement de 97 camions d’aide. Mais comme le rappellent les Nations unies, elle ne saurait se substituer à des voies d’accès terrestres pérennes et sécurisées.
Un camouflet embarrassant
Pour les États-Unis, cet incident tombe au plus mal. Outre le coût exorbitant de l’infrastructure, c’est tout le symbole de la puissance américaine qui se trouve écorné. Comment espérer peser dans le délicat dossier israélo-palestinien en affichant une telle vulnérabilité ?
Au-delà de l’anecdote et de son côté rocambolesque, cet épisode des navires échoués illustre toute la complexité de l’intervention américaine dans la région. Entre soutien à Israël et volonté d’apparaître comme un recours pour les Palestiniens, la Maison Blanche marche sur un fil. Au risque parfois de perdre l’équilibre.
Cet incident naval abracadabrantesque pourrait prêter à sourire s’il ne révélait pas, en creux, l’étendue de la crise humanitaire qui frappe Gaza. Et le chemin qu’il reste à parcourir pour espérer y remédier durablement. Même pour une superpuissance comme l’Amérique, dont les emblématiques bateaux gisent aujourd’hui, désemparés, sur les rivages de la Méditerranée.