Le spectre d’une guerre dévastatrice plane à nouveau sur le Moyen-Orient. Ces dernières heures, les échanges de tirs entre le mouvement chiite libanais Hezbollah et Israël ont atteint une intensité inédite depuis des années. L’ONU avertit d’une « catastrophe imminente » si les deux parties ne font pas machine arrière au plus vite.
La tension est montée d’un cran dans la nuit de samedi à dimanche. Le Hezbollah a tiré plus d’une centaine de roquettes sur le nord d’Israël, forçant des centaines de milliers d’Israéliens à se réfugier dans des abris anti-aériens. En représailles, Tsahal a mené dimanche matin une série de frappes sur des cibles du Hezbollah au sud du Liban.
Les chancelleries occidentales sonnent l’alarme
Face à cette escalade préoccupante, les réactions diplomatiques se font de plus en plus pressantes. L’Union Européenne se dit « extrêmement inquiète » et réclame un cessez-le-feu immédiat. Même son de cloche du côté de Washington, Londres et Paris.
Il n’y a PAS de solution militaire pour rendre l’un ou l’autre côté plus sûr.
– Jeanine Hennis-Plasschaert, coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban
La Maison Blanche a mis en garde Israël, son allié, en soulignant qu’une nouvelle guerre n’était dans l’intérêt de personne. Le chef de la diplomatie britannique David Lammy a lui aussi plaidé pour « un cessez-le-feu immédiat », tandis que son homologue française Catherine Colonna a appelé toutes les parties à « la plus grande retenue ».
Le Hezbollah promet un « châtiment »
Mais sur le terrain, la logique du pire semble l’emporter. Loin de baisser la garde, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a promis un « châtiment en temps et en heure » à Israël. Selon lui, les derniers bombardements constituent « une agression sans précédent » qui appelle une réponse ferme.
Cette montée des périls fait suite à un événement pour le moins singulier. Mardi, des milliers de bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah ont brutalement explosé, faisant 39 morts et près de 3000 blessés dans les rangs du mouvement pro-iranien. Une opération d’une complexité inouïe que beaucoup attribuent aux services secrets israéliens.
Cet incident a ravivé les braises d’un conflit latent. Il a surtout démontré la capacité d’Israël à frapper le Hezbollah au cœur de son système de commandement. Un camouflet qui exige réparation aux yeux de la milice chiite.
Vers une nouvelle guerre des 33 jours ?
Beaucoup redoutent désormais un embrasement similaire à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. Ce conflit, aussi appelé « guerre des 33 jours », avait fait plus de 1200 morts côté libanais et 160 côté israélien. Il avait dévasté les infrastructures du Liban et contraint un million de personnes à l’exode.
Quinze ans plus tard, les ingrédients d’une réédition sont réunis. Le Hezbollah est considérablement plus armé qu’à l’époque. Il disposerait de 150 000 roquettes et missiles de portée variable. De quoi frapper en profondeur le territoire israélien.
Parallèlement, Israël a durci sa doctrine militaire. Il menace d’une riposte d’une ampleur inégalée, visant massivement les infrastructures libanaises en cas d’attaque du Hezbollah. L’armée se dit aussi prête à des incursions terrestres.
- Les écoles du nord d’Israël sont fermées jusqu’à lundi soir par mesure de précaution.
- L’espace aérien libanais est verrouillé et les vols internationaux détournés.
- L’armée libanaise est en état d’alerte maximale à la frontière sud.
Le Liban au bord du gouffre
Reste que le Liban aborde ce regain de tension au plus mal. Le pays connaît une crise économique et sociale sans précédent. La monnaie a perdu 95% de sa valeur en 3 ans, plongeant la majorité de la population dans la misère. Les pénuries de carburant, de médicaments et d’électricité sont le lot quotidien des Libanais.
Dans ce contexte, un nouveau conflit avec Israël pourrait définitivement précipiter le pays dans l’abîme. D’où l’urgence pour la communauté internationale d’éteindre l’incendie naissant. Car au-delà du Liban et d’Israël, c’est toute la région qui risque de s’embraser si les armes ne se taisent pas rapidement.
Tous les signaux sont au rouge, toutes les alarmes sonnent. Il faut éviter à tout prix que le Liban, Israël et la région ne sombrent dans une guerre dévastatrice.
— Un diplomate occidental à Beyrouth