Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes semblent percevoir le danger partout, tandis que d’autres ont une approche plus détendue ? Une étude récente suggère que ces différences pourraient avoir une base biologique, enracinée dans une petite mais cruciale structure cérébrale : l’amygdale.
L’amygdale, ce détecteur de menaces
Nichée au cœur du cerveau, l’amygdale joue un rôle clé dans le traitement des émotions, en particulier celles liées à la peur et à l’anxiété. Cette structure de la taille d’une cacahuète est essentielle pour identifier les menaces potentielles dans notre environnement et déclencher les réponses appropriées, comme la fuite ou le combat.
Mais voilà que des chercheurs ont découvert une différence intrigante : les personnes ayant des convictions politiques conservatrices auraient en moyenne des amygdales légèrement plus volumineuses que celles des progressistes. Une trouvaille qui pourrait expliquer certaines divergences dans la façon d’appréhender le monde.
Une étude qui confirme les résultats précédents
Publiée dans la revue iScience, cette nouvelle étude menée par Diamantis Petropoulos Petalas et son équipe visait à reproduire les résultats d’une recherche de 2011, qui avait été largement partagée mais aussi critiquée pour sa taille d’échantillon limitée (90 participants).
Cette fois, les chercheurs ont analysé les scanners cérébraux de pas moins de 928 adultes néerlandais âgés de 19 à 26 ans. Et à leur grande surprise, ils ont bel et bien retrouvé la même tendance :
Une amygdale légèrement plus grande indique simplement que le cerveau est plus sensible aux questions liées au besoin de sécurité, à la réduction de l’incertitude et de la menace, ou peut-être à un traitement plus attentif des stimuli négatifs.
– Diamantis Petropoulos Petalas, auteur principal de l’étude
Concrètement, la différence de taille entre l’amygdale des conservateurs et celle des progressistes serait de l’ordre d’une graine de sésame. Une variation minime, mais potentiellement lourde de conséquences sur le plan comportemental et cognitif.
Gènes, environnement ou les deux ?
Reste à savoir ce qui explique ces différences anatomiques. S’agit-il d’une prédisposition génétique ? D’une plasticité cérébrale façonnée par l’environnement et les expériences vécues ? Probablement un peu des deux, avance prudemment Diamantis Petropoulos Petalas.
En effet, des études antérieures ont montré que certains gènes peuvent influencer à la fois le volume de l’amygdale et les tendances politiques. Mais le contexte familial, éducatif et sociétal joue sans doute aussi un rôle dans le développement de cette structure cérébrale et des traits psychologiques associés.
Un déterminisme à nuancer
Attention cependant à ne pas tomber dans le piège du déterminisme biologique. Avoir une amygdale plus volumineuse ne condamne pas à devenir conservateur, pas plus qu’une amygdale plus petite ne garantit des convictions progressistes.
Il existe une grande variabilité individuelle, et nos opinions politiques restent influencées par une multitude de facteurs, dont nos valeurs, notre parcours personnel et les enjeux du moment. La taille de l’amygdale n’est qu’une pièce du puzzle, une prédisposition parmi d’autres.
Par ailleurs, il serait réducteur d’associer systématiquement le conservatisme à la peur ou à l’intolérance. De nombreux conservateurs défendent leurs idées avec sincérité et conviction, sans être mus par l’angoisse. A l’inverse, on trouve aussi chez les progressistes des discours catastrophistes et anxiogènes.
Vers une politique “neuro-compatissante” ?
Malgré ces réserves, cette étude apporte un éclairage fascinant sur les bases neuronales de nos différences politiques. Elle nous invite à dépasser les clivages stériles pour essayer de comprendre ce qui motive réellement les convictions des uns et des autres.
Plutôt que de diaboliser ses adversaires, peut-être faudrait-il admettre que nous ne percevons pas tous le monde de la même manière, en partie pour des raisons biologiques. Un conservateur n’est pas forcément de mauvaise foi quand il s’inquiète de l’immigration ou de la délinquance. Son cerveau est peut-être simplement plus sensible aux signaux de danger.
A l’inverse, un progressiste qui prône l’ouverture et le changement n’est pas nécessairement naïf ou inconscient des risques. Son amygdale plus tempérée lui permet peut-être d’envisager le monde avec plus de sérénité.
En prenant conscience de ces différences cérébrales, nous pourrions développer une politique plus empathique et “neuro-compatissante”, cherchant à apaiser les peurs des uns sans brider les aspirations des autres. Un vaste programme, qui demandera sans doute bien d’autres études et découvertes sur notre fascinant cerveau politique.
Reste à savoir ce qui explique ces différences anatomiques. S’agit-il d’une prédisposition génétique ? D’une plasticité cérébrale façonnée par l’environnement et les expériences vécues ? Probablement un peu des deux, avance prudemment Diamantis Petropoulos Petalas.
En effet, des études antérieures ont montré que certains gènes peuvent influencer à la fois le volume de l’amygdale et les tendances politiques. Mais le contexte familial, éducatif et sociétal joue sans doute aussi un rôle dans le développement de cette structure cérébrale et des traits psychologiques associés.
Un déterminisme à nuancer
Attention cependant à ne pas tomber dans le piège du déterminisme biologique. Avoir une amygdale plus volumineuse ne condamne pas à devenir conservateur, pas plus qu’une amygdale plus petite ne garantit des convictions progressistes.
Il existe une grande variabilité individuelle, et nos opinions politiques restent influencées par une multitude de facteurs, dont nos valeurs, notre parcours personnel et les enjeux du moment. La taille de l’amygdale n’est qu’une pièce du puzzle, une prédisposition parmi d’autres.
Par ailleurs, il serait réducteur d’associer systématiquement le conservatisme à la peur ou à l’intolérance. De nombreux conservateurs défendent leurs idées avec sincérité et conviction, sans être mus par l’angoisse. A l’inverse, on trouve aussi chez les progressistes des discours catastrophistes et anxiogènes.
Vers une politique “neuro-compatissante” ?
Malgré ces réserves, cette étude apporte un éclairage fascinant sur les bases neuronales de nos différences politiques. Elle nous invite à dépasser les clivages stériles pour essayer de comprendre ce qui motive réellement les convictions des uns et des autres.
Plutôt que de diaboliser ses adversaires, peut-être faudrait-il admettre que nous ne percevons pas tous le monde de la même manière, en partie pour des raisons biologiques. Un conservateur n’est pas forcément de mauvaise foi quand il s’inquiète de l’immigration ou de la délinquance. Son cerveau est peut-être simplement plus sensible aux signaux de danger.
A l’inverse, un progressiste qui prône l’ouverture et le changement n’est pas nécessairement naïf ou inconscient des risques. Son amygdale plus tempérée lui permet peut-être d’envisager le monde avec plus de sérénité.
En prenant conscience de ces différences cérébrales, nous pourrions développer une politique plus empathique et “neuro-compatissante”, cherchant à apaiser les peurs des uns sans brider les aspirations des autres. Un vaste programme, qui demandera sans doute bien d’autres études et découvertes sur notre fascinant cerveau politique.