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Interdiction de fumer en terrasse : la fin d’une époque ?

La cigarette en terrasse, c'est bientôt fini ? Bruxelles veut y mettre un terme dans toute l'Europe. Fumeurs et restaurateurs s'inquiètent des répercussions de cette mesure qui divise. Décryptage d'un sujet brûlant qui risque de faire des étincelles...

Fumer une cigarette en sirotant un café en terrasse, une image typiquement française qui pourrait bientôt disparaître. La Commission européenne a en effet dévoilé mardi de nouvelles recommandations pour lutter contre le tabagisme, préconisant notamment d’étendre l’interdiction de fumer à certains lieux extérieurs comme les terrasses de bars et restaurants. Une mesure choc qui divise déjà fumeurs et non-fumeurs.

Vers une “génération sans tabac” en Europe

Aujourd’hui, environ 25% des Européens fument. L’objectif de la Commission est ambitieux : faire émerger une “génération sans tabac” d’ici 2040, où moins de 5% de la population consommerait du tabac. Pour y parvenir, elle dresse une liste de recommandations aux États membres.

Parmi les principales mesures suggérées : étendre les environnements sans fumée aux espaces extérieurs principaux. Sont ainsi visés les terrains de jeux publics, parcs d’attractions, plages, stades, arrêts de transports en commun… Mais aussi et surtout les terrasses des bars, cafés et restaurants. Des lieux de convivialité où l’exposition à la fumée passive serait très importante selon Bruxelles.

Inquiétude des professionnels de la restauration

Si ces recommandations européennes ne sont pour l’instant pas contraignantes, elles n’en suscitent pas moins une vive inquiétude chez les restaurateurs. Franck Delvau, représentant de l’Umih (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) en Île-de-France, s’insurge :

Il faut d’abord s’attaquer à la fraude, à la contrebande. Pourquoi on s’attaque aux restaurateurs, aux brasseries ?

Franck Delvau, Umih Île-de-France

Il met en garde contre les conséquences économiques qu’aurait une telle mesure, parlant même de licenciements. La cigarette fait en effet partie intégrante des habitudes des consommateurs en terrasse. Son interdiction pourrait en rebuter plus d’un à s’y attabler.

Satisfaction des non-fumeurs

À l’inverse, les non-fumeurs se réjouissent à l’idée de pouvoir profiter d’un café en terrasse sans subir les effluves de tabac froid. Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à saluer la proposition européenne.

Je suis le premier à aimer fumer en terrasse, mais oui pas filer le cancer à tout le monde c’est bien.

Un internaute sur Twitter

D’autres restent plus mitigés, regrettant une atteinte à la liberté individuelle des fumeurs. S’ils sont d’accord avec le principe, ils prônent davantage de souplesse :

Je suis non-fumeur et je déteste recevoir de la fumée mais il s’agirait quand même de laisser les gens vivre un minimum non.

Un internaute sur Twitter

Un impact limité dans les autres pays ?

La Commission européenne, elle, se veut rassurante auprès des professionnels. Elle affirme que dans les pays ayant déjà adopté des mesures similaires, l’impact économique a été négligeable voire positif. En Hongrie par exemple, l’interdiction de fumer en extérieur se serait traduite par une augmentation du flux de clients et des revenus.

Elle cite aussi l’Irlande, où l’incidence globale de l’interdiction sur les bars aurait été minime. Des arguments qui ne convainquent pas Franck Delvau pour qui la France n’est pas l’Irlande. Selon lui, la cigarette en terrasse est bien plus ancrée dans la culture française que chez nos voisins.

Prochaine étape : la décision des États

Alors, les terrasses françaises seront-elles bientôt non-fumeurs ? La balle est dans le camp du gouvernement. C’est à lui que reviendra la décision de suivre ou non les recommandations européennes, la santé étant une compétence nationale.

Plusieurs options s’offrent à lui : interdiction totale, interdiction partielle avec des zones fumeurs séparées, ou encore statu quo. Le débat s’annonce en tout cas intense entre pro et anti-tabac. Restaurateurs, consommateurs, associations… Tous auront à cœur de faire entendre leur voix sur ce sujet inflammable.

Une chose est sûre : la “génération sans tabac” voulue par Bruxelles ne se fera pas sans heurts. Mais progressivement, l’étau se resserre autour des espaces fumeurs. Après les lieux fermés, les lieux extérieurs sont dans le viseur. Pour le meilleur ou pour le pire, le vent tourne pour la cigarette.

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