Alors que l’Union européenne prend des décisions majeures pour son avenir, la France semble peiner à peser sur les orientations choisies. Les dernières nominations à la Commission européenne illustrent ce constat amer : l’influence française s’érode au profit d’autres États membres. Comment en est-on arrivé là et quelles pistes pour inverser la tendance ?
La France, grande absente des arbitrages européens
Les récents changements à la tête de la Commission européenne ont mis en lumière le recul du poids de la France dans les institutions de l’UE. Emmanuel Macron a dû se résoudre à voir partir Thierry Breton, un proche, remplacé par Stéphane Séjourné avec un portefeuille réduit. Un camouflet pour Paris, qui n’a pas réussi à conserver un poste clé.
Plus largement, la France semble à la traîne sur de nombreux dossiers européens stratégiques : politique industrielle, réforme de la zone euro, politique migratoire… Ses propositions peinent à s’imposer face à d’autres États membres mieux organisés et plus influents, comme l’Allemagne ou les pays d’Europe du Nord.
Un risque de marginalisation
Cette perte d’influence fait courir un risque de marginalisation à la France. Alors qu’elle était traditionnellement un moteur de la construction européenne, elle semble aujourd’hui spectatrice des décisions prises à Bruxelles ou à Strasbourg. Une situation préoccupante à l’heure où se jouent l’avenir du projet européen et la place de l’Europe dans le monde.
La France ne peut se permettre d’être hors-jeu. Il en va de notre souveraineté et de notre capacité à façonner une Europe conforme à nos intérêts et nos valeurs.
Michel Barnier, ancien négociateur en chef de l’UE pour le Brexit
Les raisons d’un déclin
Comment expliquer ce déclin de l’influence française en Europe ? Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- Un manque de vision et d’ambition pour relancer le projet européen
- Des divergences internes qui brouillent le message français
- Des partenariats européens à géométrie variable, comme avec l’Allemagne
- Une perte d’attractivité économique et une dette publique élevée qui affaiblissent la voix de la France
Face à ces défis, il est urgent d’agir pour réaffirmer le rôle moteur de la France en Europe. Cela passe par une clarification des priorités, un travail de conviction auprès des partenaires européens et une capacité à bâtir des coalitions sur les sujets clés.
Reprendre l’initiative
Plusieurs pistes peuvent être explorées pour permettre à la France de reprendre la main :
- Définir une vision claire de l’Europe que nous voulons et la porter au plus haut niveau
- S’investir davantage dans les négociations européennes en amont pour façonner les compromis
- Développer des alliances avec les pays partageant nos priorités
- Renforcer la présence de hauts fonctionnaires français dans les institutions européennes
- Mieux associer le Parlement et la société civile aux enjeux européens pour en faire des relais d’influence
L’Europe a besoin d’une France forte
Au-delà de la défense des intérêts français, c’est l’avenir du projet européen qui est en jeu. Dans un monde instable confronté à de nombreux défis, de la guerre en Ukraine aux dérèglements climatiques, l’Europe a plus que jamais besoin d’unité et de capacité d’action. Et cela ne pourra se faire sans une France forte et influente.
La voix de la France en Europe, c’est une voix singulière qui porte un message humaniste et universaliste, une voix qui a vocation à être écoutée.
Clément Beaune, Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes
C’est donc un véritable sursaut qui est attendu pour réaffirmer le leadership français sur la scène européenne. Cela demandera un engagement politique fort, une vision claire et la capacité à bâtir des consensus. Mais l’enjeu en vaut la peine : il s’agit de construire une Europe puissante et unie, capable de peser sur la marche du monde. Une Europe dans laquelle la France aura toute sa place.