Samedi matin, 5 heures. Avenue du Général-Leclerc à Pantin. Trois gendarmes hors service, âgés de 22 à 27 ans, attendent paisiblement leur VTC après une soirée entre collègues. Soudain, deux individus les approchent et les insultent violemment de “fachos”, avant de leur asséner des coups. Les gendarmes se défendent, et les agresseurs prennent la fuite. Un énième acte de violence gratuite qui vient s’ajouter à une liste déjà bien trop longue en Seine-Saint-Denis.
Un département en proie à une insécurité galopante
Ce genre d’agression n’est malheureusement pas un cas isolé en Seine-Saint-Denis. Ce département de la banlieue parisienne concentre de nombreuses problématiques sécuritaires, sociales et économiques. Les forces de l’ordre y sont régulièrement prises pour cibles, y compris en dehors de leurs heures de service. Un phénomène inquiétant qui traduit un climat de défiance, voire de haine, à leur égard dans certains quartiers.
Les chiffres sont éloquents. Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), la Seine-Saint-Denis affiche le taux de criminalité le plus élevé de France métropolitaine, avec 98,3 faits pour 1 000 habitants en 2021, contre une moyenne nationale de 56,8. Les agressions physiques y sont deux fois plus fréquentes que la moyenne nationale.
Des conditions de travail éprouvantes pour les forces de l’ordre
Face à cette situation, les conditions d’exercice des forces de l’ordre en Seine-Saint-Denis sont particulièrement difficiles et usantes. Stress, fatigue, sentiment d’insécurité permanent… Le quotidien des policiers et gendarmes y est marqué par une pression constante et des risques élevés. Un constat qui explique en partie les difficultés de recrutement et les demandes de mutation dans d’autres départements.
“Entre un burn-out et 10.000 euros, les calculs sont vite faits”, confie un gardien de prison à propos d’une prime de fidélisation instaurée en Seine-Saint-Denis pour lutter contre la pénurie de personnel dans les services publics.
– Un gardien de prison en Seine-Saint-Denis
Un climat social tendu qui favorise les tensions
Mais la violence à l’égard des forces de l’ordre n’est que la partie émergée d’un iceberg de problèmes profondément ancrés dans ce territoire. Chômage de masse, pauvreté, échec scolaire, habitat dégradé, trafics de drogue… Autant de maux qui nourrissent un sentiment d’abandon et de relégation chez une partie de la population, notamment chez les jeunes.
Dans ce contexte, la présence policière est souvent vécue comme une provocation, un symbole d’une autorité perçue comme illégitime et oppressive. Les forces de l’ordre paient ainsi le lourd tribut d’années de dysfonctionnements, d’absence de perspectives et de promesses non tenues. Une situation explosive qui appelle des réponses urgentes et à la hauteur des enjeux.
Quelles solutions pour enrayer cette spirale de violence?
Face à l’ampleur du défi sécuritaire et social en Seine-Saint-Denis, il n’existe pas de solution miracle. Mais des pistes d’action existent pour tenter d’apaiser les tensions et restaurer l’autorité républicaine :
- Renforcer massivement la présence policière sur le terrain, avec des effectifs supplémentaires et mieux formés à la gestion des conflits.
- Développer la police de proximité et le dialogue avec la population, notamment via des partenariats avec les acteurs locaux (associations, éducateurs…)
- S’attaquer résolument aux trafics et à l’économie souterraine qui gangrènent certains quartiers, en démultipliant les opérations coup de poing.
- Accélérer la rénovation urbaine et la mixité sociale dans les quartiers les plus dégradés, pour casser les ghettos.
- Donner une réelle priorité à l’éducation et à l’emploi des jeunes, avec des moyens renforcés et des dispositifs innovants (internats d’excellence, apprentissage…)
Autant de chantiers titanesques qui nécessiteront une mobilisation collective et un engagement dans la durée de l’État et de l’ensemble des acteurs du territoire. Avec l’espoir, à terme, que des scènes comme celle de Pantin ce samedi matin ne soient plus qu’un mauvais souvenir.
Mais d’ici là, c’est tout un écosystème de violence qu’il faudra patiemment déconstruire, en s’attaquant aux racines du mal. Un défi immense, à la hauteur de l’urgence et de la gravité de la situation. Car c’est la cohésion même de notre société qui est aujourd’hui menacée dans ces territoires oubliés de la République.
Face à cette situation, les conditions d’exercice des forces de l’ordre en Seine-Saint-Denis sont particulièrement difficiles et usantes. Stress, fatigue, sentiment d’insécurité permanent… Le quotidien des policiers et gendarmes y est marqué par une pression constante et des risques élevés. Un constat qui explique en partie les difficultés de recrutement et les demandes de mutation dans d’autres départements.
“Entre un burn-out et 10.000 euros, les calculs sont vite faits”, confie un gardien de prison à propos d’une prime de fidélisation instaurée en Seine-Saint-Denis pour lutter contre la pénurie de personnel dans les services publics.
– Un gardien de prison en Seine-Saint-Denis
Un climat social tendu qui favorise les tensions
Mais la violence à l’égard des forces de l’ordre n’est que la partie émergée d’un iceberg de problèmes profondément ancrés dans ce territoire. Chômage de masse, pauvreté, échec scolaire, habitat dégradé, trafics de drogue… Autant de maux qui nourrissent un sentiment d’abandon et de relégation chez une partie de la population, notamment chez les jeunes.
Dans ce contexte, la présence policière est souvent vécue comme une provocation, un symbole d’une autorité perçue comme illégitime et oppressive. Les forces de l’ordre paient ainsi le lourd tribut d’années de dysfonctionnements, d’absence de perspectives et de promesses non tenues. Une situation explosive qui appelle des réponses urgentes et à la hauteur des enjeux.
Quelles solutions pour enrayer cette spirale de violence?
Face à l’ampleur du défi sécuritaire et social en Seine-Saint-Denis, il n’existe pas de solution miracle. Mais des pistes d’action existent pour tenter d’apaiser les tensions et restaurer l’autorité républicaine :
- Renforcer massivement la présence policière sur le terrain, avec des effectifs supplémentaires et mieux formés à la gestion des conflits.
- Développer la police de proximité et le dialogue avec la population, notamment via des partenariats avec les acteurs locaux (associations, éducateurs…)
- S’attaquer résolument aux trafics et à l’économie souterraine qui gangrènent certains quartiers, en démultipliant les opérations coup de poing.
- Accélérer la rénovation urbaine et la mixité sociale dans les quartiers les plus dégradés, pour casser les ghettos.
- Donner une réelle priorité à l’éducation et à l’emploi des jeunes, avec des moyens renforcés et des dispositifs innovants (internats d’excellence, apprentissage…)
Autant de chantiers titanesques qui nécessiteront une mobilisation collective et un engagement dans la durée de l’État et de l’ensemble des acteurs du territoire. Avec l’espoir, à terme, que des scènes comme celle de Pantin ce samedi matin ne soient plus qu’un mauvais souvenir.
Mais d’ici là, c’est tout un écosystème de violence qu’il faudra patiemment déconstruire, en s’attaquant aux racines du mal. Un défi immense, à la hauteur de l’urgence et de la gravité de la situation. Car c’est la cohésion même de notre société qui est aujourd’hui menacée dans ces territoires oubliés de la République.