Assis devant nous, le regard calme et déterminé, Mohammad Rasoulof raconte son incroyable parcours. Ce cinéaste iranien de renom, lauréat de plusieurs prix à Cannes, a réussi à s’échapper de son pays le 12 mai dernier pour éviter la prison. Son crime ? Avoir fait des films critiquant le régime de la République islamique.
“Si je faisais du trafic de cocaïne, j’aurais été moins embêté par le gouvernement iranien que pour mes films”, lâche-t-il avec un sourire amer. Car dans la dictature des mollahs, la liberté d’expression est sévèrement réprimée.
Un film sur le soulèvement populaire en Iran
Mohammad Rasoulof est venu présenter à Cannes son dernier long-métrage, Les Graines du figuier sauvage, qui a reçu le prix spécial du jury. Un film puissant racontant le destin d’une famille iranienne déchirée par le mouvement de contestation “Femme, vie, liberté”, déclenché par la mort de la jeune Mahsa Amini en septembre 2022.
J’ai voulu montrer la fracture au sein de la société iranienne et l’impact de la répression sur les familles.
Mohammad Rasoulof
Des images de manifestations intégrées au film
Pour donner plus de force à son propos, le réalisateur n’a pas hésité à incorporer des images réelles des manifestations durement réprimées par le régime. Un choix audacieux qui l’exposait à de lourdes sanctions.
La censure, une épée de Damoclès permanente
Depuis des années, Mohammad Rasoulof vit avec la menace de la censure et de l’emprisonnement. Ses films sont interdits en Iran, il ne peut pas les montrer à son public. Une situation intenable qui l’a poussé à l’exil.
C’est très dur de devoir quitter son pays, sa famille. Mais je n’avais plus le choix si je voulais continuer à faire des films et à m’exprimer librement.
Mohammad Rasoulof
Un combat pour la liberté qui continue
Malgré les obstacles et la douleur de l’exil, Mohammad Rasoulof reste déterminé à poursuivre son combat à travers ses films. Pour que la voix du peuple iranien opprimé puisse résonner dans le monde entier.
Son parcours et son courage forcent l’admiration. Il incarne la résistance des artistes face à l’oppression et la censure. Son dernier film sonne comme un cri d’espoir et de liberté, porteur des aspirations de tout un peuple qui se soulève.