C’est une petite phrase qui n’est pas passée inaperçue. Mercredi 18 septembre, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a jugé “très grave” la situation budgétaire de la France, demandant “tous les éléments pour en apprécier l’exacte réalité”. Une déclaration choc qui a immédiatement suscité de vives réactions dans la classe politique, certains redoutant un retour à l’austérité quand d’autres s’opposent fermement à toute hausse d’impôts.
Un budget dans le rouge vif
Nommé il y a quelques jours à peine à Matignon, Michel Barnier n’a pas perdu de temps pour mettre les pieds dans le plat. Après sept années de baisses d’impôts, l’ancien négociateur du Brexit a fait sursauter en évoquant une possible hausse des prélèvements pour rééquilibrer les comptes publics. Un véritable pavé dans la mare alors que le pays croule sous une dette abyssale avoisinant les 3 000 milliards d’euros, soit près de 120% du PIB.
La situation budgétaire du pays que je découvre est très grave. J’ai demandé tous les éléments pour en apprécier l’exacte réalité.
– Michel Barnier, Premier ministre
Face à ce constat alarmant, le locataire de Matignon affiche sa volonté de “responsabilité” pour “retrouver le chemin de la croissance” et “faire progresser le niveau de vie des Français“. Mais il le sait, l’équation sera difficile à résoudre alors que la France est déjà “le pays où la charge des impôts est la plus forte”.
Une opposition vent debout contre la hausse d’impôts
Sans surprise, les propos de Michel Barnier ont fait bondir dans les rangs de l’opposition. À droite comme à gauche, on refuse catégoriquement toute augmentation de la pression fiscale sur les ménages et les entreprises :
- Pour Les Républicains, hors de question de “priver de soutiens” un gouvernement qui augmenterait les impôts.
- Au Rassemblement national, on dénonce la “mauvaise manière de procéder” et on plaide pour des économies.
- À gauche, le député LFI François Ruffin met en garde contre le “choc” d’un retour de l’austérité.
Pris en étau entre une situation budgétaire explosive et une opposition remontée, Michel Barnier va devoir faire preuve de pédagogie et de doigté pour convaincre. D’autant que même dans son propre camp, certains ne veulent pas entendre parler de hausse d’impôts, à l’image du ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
Un crash-test pour le nouveau gouvernement
Pour le nouveau Premier ministre, ce dossier budgétaire ultra-sensible s’annonce comme un véritable baptême du feu. Sa capacité à dénouer ce nœud gordien sera scrutée de près, d’autant qu’il a promis d’agir avec “méthode” et “sérieux” pour répondre aux attentes des Français.
Dans ce contexte explosif, la constitution d’un “gouvernement d’équilibre”, auquel s’attelle actuellement Michel Barnier, sera déterminante. Il devra s’entourer de personnalités capables de porter un discours de vérité sur l’état des finances publiques tout en rassurant une opinion publique échaudée par des années de matraquage fiscal.
Baisser les dépenses ou augmenter les recettes ? Relancer la croissance ou serrer la vis budgétaire ? Tels sont les dilemmes cornéliens auxquels est confronté le gouvernement Barnier. Des choix lourds de conséquences qui engageront durablement l’avenir économique et social de notre pays. Une chose est sûre : après le diagnostic, les Français attendent maintenant des solutions concrètes et équitables pour redonner de l’oxygène à notre modèle social. Le défi est immense, mais il engage la crédibilité et la survie même de l’exécutif.