Un vent de changement souffle sur la Commission européenne, mais il est loin de faire l’unanimité. Alors qu’Ursula von der Leyen, réélue à la tête de l’institution, vient de présenter son équipe de commissaires pour les 5 prochaines années, le Parlement européen menace déjà d’en écarter certains. Un bras de fer qui révèle les tensions et les enjeux de pouvoir au sein de l’UE.
Von der Leyen dévoile son casting, le Parlement gronde
C’est depuis l’hémicycle de Strasbourg qu’Ursula von der Leyen a levé le voile mardi sur la composition de la future Commission européenne. Un exercice délicat où chaque État membre cherche à tirer son épingle du jeu en obtenant les portefeuilles les plus stratégiques. « La plupart voulaient un portefeuille économique fort », a reconnu la présidente, évoquant une vingtaine de pays dans ce cas.
Mais von der Leyen a tranché, non sans décevoir certaines ambitions nationales, en mettant l’accent sur la « prospérité », la « sécurité » et la « démocratie ». Une ligne directrice qui ne convainc pas forcément les eurodéputés, pourtant censés valider in fine cette nouvelle équipe.
Des commissaires dans le viseur des eurodéputés
Car le Parlement compte bien jouer son rôle de contre-pouvoir. Plusieurs voix s’élèvent déjà pour contester certains choix, à l’image de Stéphane Séjourné, nouveau commissaire français très proche d’Emmanuel Macron. Son portefeuille dédié à la « souveraineté industrielle » fait grincer quelques dents.
Ils ne boxent pas dans la même catégorie.
Un diplomate européen au sujet de Séjourné et son prédécesseur Thierry Breton
D’autres profils font débat, comme celui de la Hongroise Katalin Cseh, nommée à la tête du budget malgré les différends entre Bruxelles et Budapest. Les eurodéputés promettent de passer au crible chaque candidat lors d’auditions en octobre.
Le délicat équilibre des pouvoirs européens
Au-delà des personnalités, c’est tout l’équilibre institutionnel de l’UE qui se joue. Parlement et Commission se livrent une bataille d’influence, chacun cherchant à peser davantage dans le processus décisionnel européen. Von der Leyen, en nommant des profils clivants, prend le risque d’un rejet cinglant des eurodéputés.
- La Commission propose et exécute les lois
- Le Parlement amende et vote les lois
- Un savant équilibre des pouvoirs est nécessaire au bon fonctionnement de l’UE
En cas de crise ouverte, c’est toute la machine européenne qui pourrait se gripper, alors que l’UE doit faire face à de multiples défis, de la guerre en Ukraine aux transitions écologiques et numériques. Les prochaines semaines s’annoncent donc cruciales pour l’avenir du projet européen.
L’influence française en question
Un enjeu particulièrement sensible pour la France. Avec le départ forcé de Thierry Breton, très apprécié à Bruxelles, et l’arrivée du jeune Stéphane Séjourné, c’est la place de Paris dans le jeu européen qui est interrogée. Emmanuel Macron parviendra-t-il à peser autant qu’avant dans les arcanes du pouvoir communautaire ?
Avec ou sans Thierry Breton, la France joue sa place en Europe.
Analyse Bertille Bayart dans Le Figaro
Une Commission recomposée, un Parlement frondeur, des équilibres géopolitiques changeants : l’UE s’apprête à vivre une rentrée agitée. Dans ce bras de fer, Ursula von der Leyen joue une partie de sa crédibilité et de son autorité. Réussira-t-elle son pari ou devra-t-elle céder face aux pressions ? Réponse dans les prochaines semaines, pour une bataille de Bruxelles qui s’annonce intense et décisive.