Alors que la course à la Maison Blanche bat son plein, un acteur invisible mais redoutable intensifie ses manœuvres dans l’ombre : la Russie. Depuis plusieurs semaines, Moscou multiplie les opérations de désinformation visant à discréditer la campagne de la candidate démocrate Kamala Harris, faisant craindre une répétition du scénario de 2016. Face à cette menace grandissante, les États-Unis tentent de riposter, mais l’ampleur de l’ingérence russe semble avoir pris une nouvelle dimension.
Une campagne de manipulation massive et sophistiquée
Selon un rapport de Microsoft, le groupe d’influence russe Storm-1516 a récemment produit deux vidéos truquées visant à nuire à l’image de Kamala Harris et de son colistier Tim Walz. Visionnées des millions de fois, ces deepfakes d’une qualité saisissante laissent présager une vague de désinformation sans précédent.
Mais les fake news ne s’arrêtent pas là. Un second groupe russe, Storm-1679, s’est lui aussi lancé dans la bataille, détournant ses ressources initialement dédiées à la désinformation sur les JO de Paris 2024 pour s’attaquer à la candidate démocrate. Cette réorientation stratégique démontre la détermination du Kremlin à peser sur l’issue du scrutin américain.
Le fait de se concentrer sur la campagne Harris-Walz reflète un mouvement stratégique des acteurs russes visant à exploiter toute vulnérabilité perçue chez les candidats.
– Clint Watts, directeur général du Centre d’analyse des menaces de Microsoft
Les réseaux sociaux, terrains de jeu favoris des manipulateurs
Pour propager leurs fake news, les groupes d’influence russes misent massivement sur les réseaux sociaux. Véritables caisse de résonance, plateformes comme Twitter ou Facebook permettent une diffusion virale des contenus mensongers, rendant la riposte difficile pour les équipes de campagne.
Face à cette menace, certains géants du web tentent de réagir. Meta, maison mère de Facebook, a ainsi annoncé bannir le groupe de médias russe Rossia Segodnia de ses plateformes pour prévenir toute “activité d’ingérence étrangère“. Mais la tâche s’annonce ardue tant les techniques de manipulation se perfectionnent, entre fermes à trolls, bots et faux comptes.
2016, un scénario qui hante toujours l’Amérique
Impossible d’évoquer l’ingérence russe sans se remémorer le traumatisme de 2016. À l’époque, les piratages et fuites de données orchestrés par le Kremlin avaient ébranlé la campagne démocrate, précipitant potentiellement la défaite d’Hillary Clinton. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui redoutent un bis repetita.
À l’approche des élections, nous devons nous attendre à ce que des acteurs russes continuent à utiliser des intermédiaires cyber et des groupes d’hacktivistes pour amplifier leurs messages via des sites de médias et des réseaux sociaux.
– Clint Watts, directeur général du Centre d’analyse des menaces de Microsoft
Car au-delà de Kamala Harris, c’est bien la solidité de la démocratie américaine qui est en jeu. En semant le doute et la division, la Russie cherche à affaiblir son rival de toujours. Une stratégie éprouvée qui pourrait, si elle réussit, avoir des conséquences dévastatrices sur le long terme.
Riposter, un impératif pour Washington
Conscients de l’ampleur de la menace, les États-Unis tentent d’organiser la riposte. Agences de renseignement, géants de la tech, médias : tous sont appelés à la rescousse pour tenter de contrer la vague de désinformation russe.
Mais la partie s’annonce serrée. Car en face, le Kremlin a considérablement musclé son appareil de propagande, investissant massivement dans les technologies de pointe comme l’intelligence artificielle. Une course à l’armement d’un nouveau genre dont l’issue reste incertaine.
À mesure que le jour J approche, une chose est sûre : la bataille de l’information fait rage et nul ne peut prédire qui en sortira vainqueur. Une seule certitude, l’ingérence russe est devenue un enjeu majeur de cette présidentielle américaine. Et Moscou semble bien décidé à jouer sa partition jusqu’au bout, quitte à chambouler le jeu démocratique.