Le géant américain des microprocesseurs Intel traverse une période des plus tumultueuses de son histoire. Après avoir régné en maître incontesté sur le marché des puces pendant des décennies, le groupe de Santa Clara peine aujourd’hui à maintenir son leadership face à une concurrence toujours plus féroce. Virage raté dans l’intelligence artificielle, perte de parts de marché dans les PC, retard technologique… Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour Intel, plongeant l’action du groupe dans une chute vertigineuse qui inquiète les investisseurs.
Intel, un géant en perte de vitesse
Le constat est sans appel : en l’espace de quelques années, Intel a perdu de sa superbe. Le chiffre d’affaires de la société s’est effondré, passant de 79 milliards de dollars en 2021 à seulement 52 milliards en 2023. Dans le même temps, les bénéfices ont fondu comme neige au soleil, plongeant de 19,9 milliards à 1,8 milliard de dollars. Une dégringolade spectaculaire qui témoigne des difficultés croissantes rencontrées par le pionnier des semi-conducteurs.
Concurrence exacerbée sur le marché des PC
Sur son marché historique des processeurs pour ordinateurs, Intel fait face à une concurrence de plus en plus rude. Son rival de toujours, AMD, grignote inexorablement des parts de marché grâce à des puces plus performantes et moins chères. Une situation qui pèse lourdement sur les ventes et les marges d’Intel dans un contexte de ralentissement généralisé du marché des PC.
Le virage manqué de l’intelligence artificielle
Mais c’est surtout dans le domaine stratégique de l’intelligence artificielle qu’Intel a raté le coche. Contrairement à son concurrent Nvidia, devenu la référence incontournable du secteur avec ses processeurs graphiques ultra-puissants, Intel a tardé à prendre le virage de l’IA. Un retard à l’allumage qui lui coûte aujourd’hui très cher, l’empêchant de profiter pleinement de ce marché en pleine explosion.
Intel n’a pas su anticiper la révolution de l’IA et se retrouve aujourd’hui distancé par des concurrents plus agiles et visionnaires.
Analyse un expert du secteur
Perte de leadership technologique
Au-delà de ces enjeux commerciaux, c’est la suprématie technologique même d’Intel qui est remise en question. Le groupe accuse un retard croissant en termes de finesse de gravure, un paramètre essentiel pour la performance et l’efficacité énergétique des puces. Pendant qu’Intel peine à industrialiser son procédé en 7 nm, le fondeur taïwanais TSMC produit déjà en masse des puces en 5 nm pour le compte d’Apple et d’autres grands noms de la tech. Un retard technologique qui fragilise la position d’Intel et l’oblige à faire appel à la sous-traitance pour une partie de sa production, une première dans l’histoire du groupe.
Un avenir incertain malgré les efforts de restructuration
Face à ces vents contraires, le PDG d’Intel Pat Gelsinger, arrivé aux commandes début 2021, a lancé un vaste plan de restructuration visant à renouer avec la croissance. Au programme : des investissements massifs dans la R&D et la production, des partenariats stratégiques mais aussi des suppressions de postes et des cessions d’activités. Des mesures drastiques qui tardent cependant à porter leurs fruits, plongeant le titre Intel dans une spirale baissière qui semble sans fin.
Dans ce contexte morose, l’avenir d’Intel apparaît plus incertain que jamais. Si le groupe peut s’appuyer sur sa puissance financière et son écosystème unique pour rebondir, il devra impérativement relever de nombreux défis pour espérer retrouver son leadership passé. Un pari loin d’être gagné à l’heure où la concurrence technologique n’a jamais été aussi intense et mondialisée. L’ex-icône de la Silicon Valley saura-t-elle se réinventer pour redevenir le fer de lance de l’industrie des semi-conducteurs ? Une question cruciale qui conditionne la réussite future d’Intel et, plus largement, la place des États-Unis dans la géopolitique des puces.