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La gauche dénonce le mépris de classe tout en le pratiquant

La gauche est-elle coupable de mépris de classe envers le peuple qu'elle prétend défendre ? De Mélenchon à Delogu, retour sur la contradiction entre le discours et les actes de figures de la gauche radicale.

L’accusation est devenue un classique à gauche : pointer du doigt le « mépris de classe » dont souffriraient certains députés ou militants issus des classes populaires. Dernière cible en date : Sébastien Delogu, nouveau député insoumis des quartiers nord de Marseille. Moqué pour son élocution approximative à l’Assemblée, l’ancien chauffeur de taxi serait victime selon LFI d’une « campagne dégueulasse de mépris de classe ». Un argument qui revient systématiquement pour balayer toute critique.

Le peuple, alibi commode

Sous prétexte de représenter le peuple, tout serait permis aux élus issus des milieux modestes : fautes de français, attitude menaçante, injures… Comme si l’origine sociale pouvait excuser les insuffisances. C’est oublier que la République ne fait pas de distinction selon la classe. Un député se doit d’être à la hauteur de sa fonction, quelle que soit son histoire personnelle.

Quand la gauche dénigre ses propres électeurs

Mais au-delà du cas Delogu, c’est toute une partie de la gauche qui semble coupable du mépris de classe qu’elle dénonce par ailleurs. En adoubant des profils atypiques sans considération de leurs compétences, LFI en fait des caricatures du peuple taillées pour le buzz. Une forme d’instrumentalisation des classes populaires qui ironiquement les réduit à leur origine sociale.

En exaltant systématiquement la vertu du « peuple » contre les élites, la gauche insoumise finit par dévaloriser l’idée même d’élévation sociale et d’émancipation par le savoir.

Alexandre Devecchio, journaliste

L’élitisme de gauche, l’autre mépris de classe

Autre paradoxe de LFI : tout en faisant l’apologie des « gars de la rue », le parti cultive un entre-soi idéologique élitiste, comme en témoignent les propos méprisants de Jean-Luc Mélenchon envers les « fachos » qu’il assimile au petit peuple de droite. Une vision binaire typique de la gauche bobo qui rejette la France périphérique jugée ignorante et réactionnaire. Le mépris de classe version bourgeois bohème.

Pour une gauche de l’émancipation sociale

Plutôt que d’attiser les clivages sociaux et culturels, la gauche gagnerait à promouvoir une forme d’élévation républicaine. C’est tout le sens du combat mené par certains élus atypiques comme l’insoumis François Ruffin, issu d’un milieu modeste mais détenteur d’un solide bagage intellectuel qu’il met au service des oubliés.

  • Encourager l’accès au savoir et à la culture
  • Récompenser le mérite et l’effort, quelle que soit l’origine
  • Dénoncer tous les mépris de classe, d’où qu’ils viennent

C’est à cette condition que la gauche pourra réconcilier l’impératif de justice sociale et l’ambition émancipatrice de la République. Et ainsi tourner la page d’un mépris de classe qui n’épargne personne.

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