La Géorgie se retrouve sous le feu des projecteurs internationaux après l’adoption par son parlement d’une loi controversée sur les « valeurs familiales », vivement critiquée par l’Union Européenne. Ce texte, qui restreint les droits de la communauté LGBT+, soulève de vives inquiétudes quant au virage conservateur et anti-occidental pris par le gouvernement géorgien, menaçant les aspirations européennes du pays.
Une loi qui divise et inquiète
Approuvée mardi par les députés du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, lors d’un vote boycotté par l’opposition, cette loi interdit « la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste » dans les écoles et à la télévision. Elle bannit également les « rassemblements et manifestations » faisant la promotion des relations homosexuelles.
L’adoption de ce texte aux relents de la législation russe sur la « propagande homosexuelle » a suscité une vive réaction de l’Union Européenne. Début septembre, l’UE avait estimé que cette loi « porte atteinte aux droits fondamentaux des Géorgiens et risque de renforcer la stigmatisation et la discrimination d’une partie de la population ».
Un pays secoué par les manifestations
Ces derniers mois, la Géorgie a été le théâtre de vastes mouvements de protestation contre une autre loi controversée sur « l’influence étrangère ». Vertement critiquée en Occident, cette loi rappelait fortement celle sur les « agents de l’étranger » en vigueur en Russie, qui a contribué à museler toute opposition dans ce pays.
Les détracteurs du parti au pouvoir accusent celui-ci de vouloir se rapprocher de Moscou, au détriment des aspirations européennes et atlantistes de la Géorgie. Le pays caucasien a obtenu en décembre dernier le statut de candidat à l’UE, mais les négociations d’adhésion n’ont pas encore débuté.
On aurait la loi la plus permissive du monde.
– Jean Leonetti, co-rapporteur de la loi sur la fin de vie
Un avenir européen compromis ?
Face à la dérive conservatrice et autoritaire du gouvernement géorgien, les dirigeants européens avaient décidé avant l’été d’un « arrêt de facto » du processus d’adhésion, dans l’attente d’un changement de cap politique à Tbilissi. Une décision qui avait suscité l’ire du parti au pouvoir, accusant l’Occident de saper les « valeurs traditionnelles » du pays.
L’adoption de la loi sur les « valeurs familiales » apparaît donc comme un nouveau défi lancé à l’Europe par le gouvernement géorgien. Elle intervient à un moment charnière, à quelques semaines d’élections législatives cruciales prévues le 26 octobre prochain. Le scrutin s’annonce d’ores et déjà tendu, sur fond de polarisation croissante de la société géorgienne.
La société civile en première ligne
Face à la menace qui pèse sur les droits et les libertés, la société civile géorgienne se mobilise. ONG, activistes et simples citoyens sont descendus dans la rue à de multiples reprises ces derniers mois pour dénoncer la dérive du pouvoir.
L’élection parlementaire sera un référendum sur l’avenir européen de notre pays.
– Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie
Les prochaines élections législatives s’annoncent donc décisives pour l’avenir du pays. Comme l’a souligné la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, ce scrutin fera office de « référendum sur l’avenir européen » de la Géorgie. Reste à savoir si les forces progressistes et pro-occidentales parviendront à contrer la vague conservatrice qui déferle actuellement sur le pays.
Une chose est sûre : l’adoption de cette loi controversée sur les « valeurs familiales » marque une nouvelle étape dans la détérioration des relations entre la Géorgie et l’Union Européenne. Elle illustre également la fragilité des acquis démocratiques dans ce pays du Caucase, tiraillé entre ses aspirations occidentales et l’influence persistante de son grand voisin russe.
