Imaginez que vous ayez besoin de faire une prise de sang ou un examen biologique urgent, mais que les portes de votre laboratoire habituel soient closes. C’est malheureusement ce qui risque d’arriver à de nombreux patients du 20 au 23 septembre prochains. En effet, les laboratoires de biologie ont décidé de se mettre en grève pour protester contre la baisse drastique des tarifs des actes de biologie décidée par l’Assurance maladie. Une situation qui inquiète tant les professionnels que les patients.
Une grève pour dénoncer la baisse des tarifs
Sept syndicats de biologistes ont appelé à la grève pour manifester leur mécontentement face à la décision de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) de baisser de près de 10% les tarifs des actes de biologie. Une baisse qui s’ajoute aux 11% déjà subis ces deux dernières années. Les professionnels dénoncent une mesure qui met en péril la pérennité de nombreux laboratoires, en particulier dans les zones rurales.
La baisse des tarifs va engendrer des ajustements comme la disparition de nombreux laboratoires de proximité, surtout dans les zones rurales.
Communiqué intersyndical des biologistes
Des répercussions sur l’offre de soins
Si la grève est maintenue, les patients risquent de faire face à une réduction des horaires d’ouverture des laboratoires, voire à des fermetures pures et simples. Certains examens spécifiques pourraient aussi ne plus être réalisés si les tarifs sont trop bas pour être rentables. Un cercle vicieux qui pourrait détériorer l’accès aux soins de proximité.
- Fermeture de laboratoires les après-midis
- Fermeture le samedi
- Ouverture seulement 4 jours par semaine
- Arrêt des investissements
- Suppression de certains examens
Vers un bras de fer avec l’Assurance maladie ?
Les biologistes menacent aussi d’un “shut down” en décembre si l’enveloppe budgétaire dédiée à la biologie médicale venait à être consommée avant la fin de l’année. Une hypothèse balayée par l’Assurance maladie qui assure qu’il n’est “évidemment pas question de fermeture des laboratoires en décembre et d’arrêt des remboursements des examens”. Pourtant, la tension est palpable et le dialogue semble rompu entre les deux parties.
Des impacts variables selon les patients
Si la grève perturbe ponctuellement l’accès aux laboratoires, tous les patients ne seront pas logés à la même enseigne. Les personnes qui ont besoin de soins réguliers, comme les diabétiques ou les personnes sous traitement anti-coagulant, risquent d’être les plus pénalisées. Il leur faudra anticiper au mieux leurs prises de sang en amont de la période de grève.
À l’inverse, pour un examen ponctuel et non urgent, il suffira de reporter son rendez-vous de quelques jours. Beaucoup de laboratoires proposeront sans doute aussi un service minimal pour les cas les plus pressants. Mais il faudra s’attendre malgré tout à des files d’attente et des délais rallongés.
La CNAM prévoit de baisser de plus de 50% les tarifs d’un examen clé permettant le suivi des patients diabétiques.
Communiqué intersyndical des biologistes
Et après la grève ?
Même une fois le mouvement de grève terminé, les conséquences des baisses de tarifs risquent de se faire sentir progressivement en termes d’accès aux soins. On peut craindre à terme une “désertification biologique” dans certains territoires si les laboratoires n’arrivent plus à maintenir leur activité. Un risque que les syndicats veulent mettre en avant à travers cette grève.
Il est donc important de surveiller l’évolution de ce conflit dans les prochaines semaines et les prochains mois. Avec un objectif : que patients et professionnels ne se retrouvent pas perdants face aux logiques comptables. Car l’enjeu est avant tout la qualité et la proximité du service rendu en matière d’examens biologiques, un maillon clé de notre système de santé.