Coups, humiliations, privations de nourriture… Les révélations sur les dérives dans certaines crèches privées françaises font froid dans le dos. Le journaliste d’investigation Victor Castanet, déjà à l’origine du scandale Orpéa sur les Ehpad, publie un nouveau livre-enquête choc intitulé “Les Ogres”. Il y dénonce des maltraitances et une course effrénée à la rentabilité qui ont eu un impact dramatique sur le secteur et surtout sur les enfants.
Quand la recherche du profit prime sur le bien-être des enfants
Selon Victor Castanet, la “voracité” de certains grands groupes de crèches privées, qui gèrent 25% des places en France, combinée à “l’inaction” des pouvoirs publics, a entraîné une dérive généralisée dans ce business très lucratif. La recherche de rentabilité à tout prix s’est faite au détriment de l’intérêt des enfants.
Dans une crèche près de Lille, ce ne sont pas moins de 9 bambins qui auraient subi des actes de maltraitance : coups, griffures, punitions dans le noir, humiliations, privations de repas… L’auteur affirme que les petites victimes “font encore des cauchemars réguliers” et présentent des “retards de développement”.
L’État accusé de “mansuétude” envers les groupes privés
Au-delà des groupes privés, le journaliste pointe du doigt la responsabilité de l’État qui a, selon lui, fait preuve “d’une forme de mansuétude vis-à-vis des acteurs privés”. Il critique notamment l’ancienne ministre Aurore Bergé, accusée d’avoir été à l’écoute du lobby des crèches et d’avoir empêché une enquête parlementaire.
“Tout le monde a prévenu l’administration française que ce système était une catastrophe, mais elle n’a pas voulu remettre en cause son fonctionnement.”
– Victor Castanet
Le secteur des crèches privées en pleine tourmente
Ces révélations secouent le secteur des crèches privées. La fédération professionnelle “condamne avec fermeté les pratiques scandaleuses révélées” mais assure que le groupe People&Baby visé ne fait plus partie de ses adhérents depuis 2015. Elle promet de se tenir à disposition de la justice.
Côté politique, les langues se délient aussi. L’ancienne ministre Aurore Bergé reconnaît des échanges avec la fédération pour “éviter une tempête médiatique”, similaire au scandale Orpea, mais dément avoir empêché une enquête. Elle évoque “un parti pris idéologique” des députés de gauche.
Un électrochoc salutaire pour le bien-être des enfants ?
Au-delà de la polémique, beaucoup espèrent que ces révélations serviront d’électrochoc pour renforcer les contrôles et l’encadrement des crèches privées. Des sanctions exemplaires sont attendues contre les établissements et les personnes coupables de mauvais traitements.
Plus largement, c’est le modèle économique de ces groupes privés, basé sur une optimisation des coûts et “une logique low-cost”, qui est remis en cause. Beaucoup de voix s’élèvent pour réclamer des normes plus strictes en termes d’encadrement, de qualification du personnel et de respect du bien-être des enfants.
Car au final, c’est l’intérêt supérieur des tout-petits, parmi les plus vulnérables, qui doit primer sur les considérations financières. Leur santé physique et psychologique ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. Toute la lumière doit être faite sur ces dérives inacceptables pour qu’elles ne se reproduisent plus et que les enfants soient choyés et épanouis dans toutes les crèches de France.
