C’est un soulagement pour les milliers de familles concernées : après des mois d’incertitude, les jardins d’enfants ont finalement pu rouvrir leurs portes pour cette rentrée 2024. Ces structures atypiques, qui accueillent les enfants de 2 à 6 ans dans un cadre à mi-chemin entre la crèche et l’école maternelle, étaient menacées de disparition suite à la loi de 2019 instaurant l’instruction obligatoire dès 3 ans. Retour sur un combat acharné pour défendre ces lieux uniques en leur genre.
Les jardins d’enfants, des structures essentielles mais méconnues
Avec environ 200 établissements en France accueillant plus de 6000 enfants, les jardins d’enfants restent confidentiels mais jouent un rôle crucial. Fondés sur une approche pédagogique spécifique, accordant une large place au jeu, à la socialisation et à l’autonomie, ils offrent un cadre rassurant et stimulant aux jeunes enfants. Surtout, beaucoup ont fait le choix d’une mixité sociale et du handicap, en réservant des places aux enfants aux besoins spécifiques.
Pour nous, c’était une évidence d’inscrire notre fils, porteur de trisomie 21, dans ce jardin d’enfants. Il s’y épanouit au contact des autres, dans un lieu à taille humaine, avec un accompagnement sur mesure. Aucune autre structure n’offre cela !
Valérie, maman de Tom, 4 ans
Un statut précaire, des inquiétudes pour l’avenir
Mais avec la loi de 2019 abaissant l’instruction obligatoire à 3 ans, l’existence même des jardins d’enfants s’est retrouvée menacée. N’entrant dans aucune catégorie administrative, ni école ni établissement d’accueil du jeune enfant, leur modèle était remis en question :
- Quid du financement une fois les enfants de plus de 3 ans partis à l’école ?
- Comment maintenir des groupes d’âges mélangés, gage de leur réussite ?
- Leur approche pédagogique allait-elle survivre aux normes de l’Éducation Nationale ?
Faute de réponse claire des autorités, de nombreux jardins d’enfants ont craint de mettre la clé sous la porte à la rentrée 2024, au grand désespoir des familles qui y voyaient une chance unique pour leurs enfants.
Une mobilisation intense pour sauver un modèle unique
Refusant cette fatalité, parents et personnels des jardins d’enfants se sont engagés dans une lutte intense pour la survie de ces structures inclassables. Pétitions en ligne, interpellations des élus locaux et nationaux, manifestations devant le ministère… Tous les moyens ont été bons pour alerter sur le sort de ces établissements et des enfants qu’ils accueillent.
On ne pouvait pas laisser détruire ces lieux magnifiques, essentiels pour nos enfants et pour ceux qui ont des besoins particuliers. Il a fallu se battre sur tous les fronts, expliquer encore et encore la spécificité des jardins d’enfants. Heureusement, on a fini par être entendus !
Marc, parent d’élève
Cette mobilisation a porté ses fruits : le gouvernement a fini par annoncer des mesures permettant aux jardins d’enfants de poursuivre leurs activités, via notamment :
- Des financements pérennisés, tenant compte de leurs spécificités
- La possibilité de continuer à accueillir des enfants de 3 à 6 ans
- Une reconnaissance de leurs méthodes pédagogiques propres
Un énorme soulagement pour toutes les familles concernées, qui peuvent ainsi compter sur ces structures essentielles, en particulier pour les enfants en situation de handicap ou à besoins spécifiques.
Des défis demeurent pour consolider le modèle
Pour autant, cette victoire ne doit pas masquer le chemin qu’il reste à parcourir pour donner aux jardins d’enfants toute leur place. Le statut complexe de ces établissements, à cheval sur plusieurs ministères, demeure un casse-tête. Et leurs méthodes pédagogiques novatrices ne sont pas toujours comprises par les pouvoirs publics.
C’est une belle avancée, mais on ne peut pas se reposer sur nos lauriers. Il faut continuer à se mobiliser pour que l’utilité sociale et éducative des jardins d’enfants soit pleinement reconnue. On a gagné une bataille, pas encore la guerre !
Sophie, directrice de jardin d’enfants
Les professionnels et les parents en sont conscients : il faudra rester vigilants pour que cette victoire ne soit pas sans lendemain. D’autant que les besoins sont immenses, tant les demandes des familles ayant un enfant en situation de handicap sont nombreuses.
Mais pour l’heure, place à la joie de retrouver en cette rentrée ces lieux d’accueil chaleureux et bienveillants, si précieux pour le développement des tout-petits. Une rentrée sous le signe du soulagement et de l’espoir, pour que de nombreux enfants puissent encore s’épanouir dans ces jardins pas comme les autres.