Quand la gourmandise vire au cauchemar… C’est l’incroyable mésaventure vécue par un homme d’affaires marseillais la semaine dernière. Attiré par une petite annonce alléchante sur les réseaux sociaux, il pensait avoir flairé le bon filon en négociant l’achat d’un important stock de pâte à tartiner El Mordjène, la célébrissime marque algérienne qui affole les papilles. Mais la transaction va rapidement tourner au vinaigre pour l’infortuné acquéreur, qui va se retrouver braqué et dépouillé de plusieurs milliers d’euros en liquide.
El Mordjène, l’or brun qui rend fou
Malgré son interdiction à la vente en Europe pour des raisons de non-conformité aux normes sanitaires, la pâte à tartiner El Mordjène reste une denrée ultra-convoitée. Les amateurs sont prêts à toutes les folies pour mettre la main sur ce fameux nectar aux éclats de noisettes grillées.
Le produit entrait et voyageait… Et quand il est devenu un danger pour leur produit bien-aimé, ils ont fait tous les tests et sorti toutes les normes !
– Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection des consommateurs
Selon certains, les autorités européennes chercheraient surtout à protéger les intérêts de marques comme Nutella face à ce redoutable concurrent. Quoi qu’il en soit, l’aura sulfureuse d’El Mordjène en fait un produit de contrebande particulièrement lucratif…
Le rendez-vous de la loose
Vendredi dernier, le patron d’une société d’import-export marseillaise repère une annonce sur les réseaux sociaux : un important stock d’El Mordjène disponible dans le quartier de la Valbarelle. L’homme flaire la bonne affaire et délègue un de ses employés pour conclure la transaction.
Rendez-vous est pris le soir-même dans une cité des quartiers nord de Marseille. L’émissaire se présente avec 5600 euros en liquide pour acheter ce qu’il croit être le jackpot. Mais en lieu et place de cartons remplis de pots, il tombe nez-à-nez avec deux individus.
Braqué pour de la pâte à tartiner
La suite va être un véritable cauchemar pour le malheureux employé. Alpagué dans le hall d’un immeuble, il se retrouve face à un homme armé qui lui réclame la sacoche contenant les billets. La victime, qui pensait repartir avec un juteux butin, repart bredouille et choquée.
Délesté des 5600 euros de son patron, il n’a d’autre choix que d’aller porter plainte et raconter sa mésaventure aux forces de l’ordre. Une enquête a été ouverte par le commissariat de Marseille pour tenter de retrouver les malfaiteurs.
Du trafic de Nutella au marché noir d’El Mordjène
Si le « braquage à la pâte à tartiner » peut prêter à sourire, il met en lumière l’engouement parfois déraisonnable pour ces produits stars, qui peuvent susciter des vocations criminelles. On se souvient des scènes de cohue provoquées par des promotions sur le Nutella en 2018.
Avec El Mordjène, c’est carrément un marché noir qui s’est développé en raison de l’interdiction du produit en Europe. Sur les réseaux sociaux, les annonces pullulent et les arnaques aussi. Pour mettre la main sur l’or brun algérien, mieux vaut rester sur ses gardes…
C’est devenu un produit de luxe qu’on s’arrache sous le manteau. Les gens sont prêts à prendre des risques fous pour en acheter, au point de se faire arnaquer ou braquer !
– Hassan, gérant d’une épicerie orientale à Marseille
Une affaire qui laisse un goût amer et qui montre que la gourmandise peut parfois conduire au pire. La pâte à tartiner vaut-elle vraiment qu’on mette sa vie en danger ? C’est la question que doivent se poser les aficionados d’El Mordjène prêts à tout pour satisfaire leurs papilles…